On n'en est pas encore là, mais sait-on jamais ? Avec la crise économique qui n'en finit pas malgré l'injection de milliards de dollars, un procès contre l'ancien locataire de la Maison-Blanche ferait bien l'affaire d'Obama. Il sera long car il n'y pas plus procédurier que la justice américaine mais il occupera la galerie avant que ne revienne la croissance attendue, espérée et promise par le successeur de Bush. Les sénateurs américains vont étudier les possibilités qu'une commission d'enquête sur d'éventuels crimes commis par l'administration Bush. Ecoutes téléphoniques, torture, détention illégale, la guerre contre terrorisme, tous les trophées de Bush seront passés au crible ! “Nous devons lire la page avant de la tourner”, la sentence lourde de sens est Patrick Leahy, le président de la commission des affaires judiciaires du Sénat américain qui va examiner le 4 mars les moyens d'ouvrir cette enquête sur les dérives judiciaires des années Bush. Dans la pure tradition américaine de remise en cause, le sénateur, un démocrate qui ne porte pas particulièrement dans son cœur l'ancien locataire du bureau ovale, dit faire œuvre de salubrité nationale. “Nous ne devons pas avoir peur de découvrir ce que nous avons fait si nous voulons rester une nation vigilante dans la défense tant de notre sécurité nationale que de notre Constitution”, a déclaré le sénateur pour désarmer les protecteurs de Bush qui sont nombreux tout de même et à commencer au sein du complexe mlilitaro industriel qui n'est pas une fiction et encore moins une vue de l'esprit. “Rien n'a fait plus de dégâts à la stature et à l'autorité morale de l'Amérique que la révélation que, ces huit dernières années, nous avons abandonné notre engagement historique pour les droits de l'homme, en outrepassant la loi”, a argumenté Leahy qui, le 9 février, avait dénoncé les dérives, notamment à l'intérieur des frontières américaines, de l'administration Bush dans le cadre de sa guerre contre le terrorisme. Il a précisé qu'il entendait s'attaquer au programme de transfert de détenus pour des interrogatoires menés par la CIA, aux mauvais traitements à la prison d'Abu Ghraïb en Irak, à la destruction de documents et la rédaction de notes internes qui justifiaient ces dérives, notamment le recours à la torture... Le sénateur est à l'aise car l'opinion américaine est favorable au nettoyage des écuries héritées des années bush. Selon un sondage Gallup du 12 février, environ deux tiers des Américains sont favorables à l'ouverture d'une enquête de ce type. Des associations de défense des droits de l'hommes ont multiplié depuis l'automne 2008 les appels à l'ouverture d'une enquête sur les écoutes téléphoniques autorisées par l'exécutif sans mandat de la justice ni du Congrès, le recours à la torture dans des interrogatoires antiterroristes ou encore le limogeage de neuf procureurs en 2006 pour des raisons politiques. Interrogé sur l'éventualité d'une commission d'enquête, le successeur de Bush avait déclaré : “Ma position générale est de dire : tournons la page.” Et d'ajouter tout de suite après cela “(…)Je pense aussi que personne n'est au-dessus des lois.” Alors Bush verra-t-il sa retraite compromise ? D. Bouatta