Liberté : Comment évaluez-vous les relations de coopération entre l'Eni et Sonatrach ? Paolo Scaroni : C'est une histoire très positive. Nous avons construit le premier gazoduc reliant l'Algérie à l'Europe, précisément à l'Italie via la Tunisie. Nous avons très bien développé notre présence sur le marché algérien. Nous produisons presque 100 000 barils/jour de pétrole en association avec Sonatrach (à travers les gisements de Bir Rebaa et les champs de Rod situés dans le bassin de Berkine au Sud-Est). Nous allons développer les champs de First Calgary (en association avec Sonatrach) qui avait des intérêts ici, qu'on a rachetés pour 700 millions de dollars. On va produire 60 000 barils/jour de liquides à partir des champs de MLE 5 (situés dans le bassin de Berkine qui devaient être développés par First Calgary). On est parti prenant dans le projet de gazoduc Galsi reliant directement l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne. On est associé à Sonatrach dans un projet d'exploration au Mali en espérant trouver des accumulations d'hydrocarbures. Nous avons aussi le projet de pipeline reliant le Nigeria à l'Europe via le Niger et l'Algérie, le TSGP, destiné à l'exportation de gaz vers l'Europe. Nous discutons avec la partie nigériane et la partie algérienne en vue d'une prise de participation dans ce projet. On vient de gagner unpérimètre d'exploration en Algérie de 16 000 kilomètres carrés (le périmètre de Kerzaz décroché lors du dernier round d'exploration organisé par Alnaft). Les relations avec Sonatrach sont importantes pour nous. L'Algérie est un marché stratégique pour l'Eni. Nous avons acheté en 2008 pour 8 milliards de dollars d'hydrocarbures algériens. Nos sommes également la première compagnie internationale en Algérie. Comment voyez-vous l'évolution des prix du gaz ? Les prix du gaz ont augmenté en Europe durant les 4 à 5 dernières années. Les prix du gaz transporté par gazoduc, ont une formule liée aux prix du pétrole. Les prix du GNL qui sont en partie négociés sur le marché libre sont beaucoup plus chers. Le prix du million de BTU de GNL est de 4 ou 5 dollars aux Etats-Unis (ils ont baissé aux Etats-Unis), 5,5-6 dollars en Europe et 10-20 dollars en Asie. Je pense que la baisse des prix du pétrole va favoriser la reprise (et partant pousser à la hausse des prix du pétrole et du gaz). Les consommateurs qui travaillent économisent de l'argent avec ces prix et donc seront incités à consommer. Je pense que 2010 sera l'année de la reprise économique. Quels ont été les résultats de l'Eni en 2008 ? Nous avons réalisé 120 milliards d'euros de chiffres d'affaires et 10 milliards d'euros de bénéfices en 2008.