La visite du président du Conseil italien, Romano Prodi, en Algérie à partir d'aujourd'hui devrait permettre de définir de nouveaux axes pour la concrétisation du traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage conclu entre les deux pays au mois de janvier 2003. C'est ce qu'avait affirmé le ministre italien des Affaires étrangères, Massimo d'Alema, au mois d'octobre dernier lorsqu'il avait reçu à Rome le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. La coopération et la collaboration entre les deux pays sont appelées à s'affirmer de manière substantielle, avait-il précisé. Pierre angulaire de ces relations, la coopération dans le secteur de l'énergie est appelée à se développer plus que par le passé. En témoignent les projets en chantier. En 2005, l'Italie était le deuxième client de l'Algérie après les Etats-Unis avec environ 6,95 milliards de dollars d'exportations dont près de 98% constitués d'hydrocarbures. Au mois de mai 2005, et après des négociations qui auront duré trois années, la compagnie nationale algérienne a conclu un accord avec l'ENI, la compagnie italienne, pour augmenter les capacités du gazoduc Transmed (Enrico Mattei) et les porter de 27 milliards de mètres cubes actuellement à 33,5 milliards de mètres cubes en 2012 avec, dans une première phase, une augmentation de 3,2 milliards de mètres cubes dès 2008. Les travaux porteront sur la partie du gazoduc située sur le territoire tunisien (Trans Tunisian Pipeline Company -TTPC ). Cette partie du gazoduc traverse le territoire tunisien de Oued Saf Saf, point de livraison du gaz algérien, jusqu'à Cap Bon, sur le canal de Sicile, où il est relié à la partie sous-marine du gazoduc. L'accord doit être appliqué en deux phases, la première consistera à augmenter les capacités du gazoduc de 3,2 milliards de mètres cubes/an à compter de 2008 et permettra de porter les capacités du pipeline de 27,5 milliards de mètres cubes/an à 30,2 milliards de mètres cubes. La deuxième phase consistera à augmenter les capacités de 3,3 milliards de mètres cubes et les porter de 30,2 à 33,5 milliards de mètres cubes en 2012. La crise du gaz entre la Russie et l'Ukraine a, semble-t-il, bousculé le calendrier puisque l'ENI veut accélérer le processus d'augmentation des capacités. Il y a quelques mois, il était question de réviser cet accord au niveau du calendrier et d'avancer les dates. A ce propos, l'administrateur délégué de l'ENI, Paolo Scaroni, avait déclaré à un quotidien italien que le groupe ENI voulait avancer à 2009, voire à 2008 la deuxième étape d'augmentation des capacités du gazoduc programmée pour 2012. A ce propos, Sonatrach a signé au mois de septembre dernier quatre contrats de vente de gaz avec des compagnies italiennes. Les contrats qui entrent dans le cadre de l'extension de la première phase du gazoduc TTPC dont la mise en service est prévue au mois d'avril 2008 ont été signés avec la compagnie Edison pour un volume de 2 milliards de mètres cubes par an, la Compagnia italiana gaz (Mogest) pour un volume de 500 millions de mètres cubes/an, la compagnie World Energy pour un volume de 450 millions de mètres cubes/an et la compagnie Bridas Energy International pour un volume de 250 millions de mètres cubes/an. Au moment de la signature, Sonatrach avait indiqué que ces accords de vente de gaz « renforcent la coopération déjà établie entre Sonatrach et les compagnies gazières italiennes, notamment à travers l'extension du gazoduc transméditerranéen ». Le GALSI, deuxième gazoduc qui doit relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne, devrait connaître lui aussi une accélération dans son calendrier. Pour le GALSI, il était prévu la finalisation des contrats de vente et d'achat de gaz pour la fin 2005 afin de permettre la prise de décision au niveau de l'investissement. Sur les 12 lettres d'intention de vente et d'achat de gaz signées, 3 ou 4 devaient être finalisées pour une capacité de 8 milliards de mètres cubes. Au mois de mars 2005, Sonatrach avait signé à Milan une série de 12 lettres d'intention de vente et d'achat de gaz à travers le gazoduc le « GALSI ». Les lettres ont été signées avec la région de Sardaigne, les partenaires de Sonatrach dans le projet de gazoduc, à savoir Edison, Enel, Energia ainsi qu'avec les compagnies internationales Hera, Blugas, EGL, Elettrogas, Erogasmet, Exergia, Gaz De France et Worldenergy. « Cet engagement est une nouvelle preuve de la rentabilité future confirmée du projet GALSI et de l'intérêt manifeste des compagnies internationales à s'investir de plus en plus dans les projets de Sonatrach », avait indiqué la compagnie nationale. Une délégation composée de responsables du ministère de l'Energie et des Mines et de Sonatrach doit se rendre à Rome avant la fin de l'année 2006 pour discuter des modalités de réalisation du GALSI qui doit relier l'Algérie à l'Italie par la Sardaigne et qui aura une capacité de 8 milliards de mètres cubes/an. Sonatrach devrait aussi étudier les possibilités d'investir dans des projets de terminaux de regazéification situés en Italie. Le partenariat stratégique, notamment dans le domaine énergétique entre l'Italie et l'Algérie, devrait encore se renforcer à la faveur de la visite de M. Prodi. La crise qu'a vécue l'Europe lorsque la Russie a fermé les robinets de gaz à l'Ukraine a renforcé le rôle de fournisseur de l'Algérie qui occupe déjà la deuxième place après la Russie et avant la Norvège. Actuellement, l'Italie est le premier client de l'Algérie pour le gaz avec près de 40 % des quantités exportées. L'augmentation des capacités du gazoduc Enrico Mattei et le lancement prochain du GALSI vont encore renforcer cette place de l'Algérie en Italie et en Europe.