Les autorités algériennes sont visiblement loin d'agréer le rapport du département d'Etat sur les droits de l'Homme en Algérie. Le rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'Homme en Algérie n'est visiblement pas du goût d'Alger. Il agace même. Et le premier coup de sommation est venu, comme de coutume, du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. “Nous démentons formellement l'essentiel des éléments négatifs dans ce rapport”, a affirmé, hier, M. Zerhouni en marge de l'ouverture de la session de printemps du Parlement. “Que les gens nettoient devant leurs portes”, a-t-il encore pesté devant les journalistes qui l'ont assailli. Il faut dire que le rapport du département d'Etat, occupé désormais par Hillary Clinton, a épinglé Alger sur bien des “éléments”, pour reprendre le vocable du ministre de l'Intérieur. Rien ne prête à satisfaction, aux yeux des Américains. Des officiels jouissant de l'impunité, persistance de la pratique de la torture, une justice aux ordres, corruption, pressions sur les journaux privés, conditions de détention déplorables avec un abus de la détention préventive et atteinte aux libertés religieuses, sont autant de griefs contenus dans le rapport du département d'Etat et dont de larges extraits ont été publiés par certains quotidiens nationaux. “Je ne crois pas que l'Algérie a de leçons à recevoir de la part d'un certain nombre d'observateurs”, a estimé M. Zerhouni. Dimanche, en marge de la sortie d'une promotion d'officiers de police et d'officiers de police de l'ordre public à Châteauneuf sur les hauteurs d'Alger, M. Zerhouni, interpellé sur la question, avait ironisé que “c'est aux Américains de nous parler de ce qui se passe à la prison de Guantanamo”. Une prison, soit dit en passant, qui sera fermée, sur décision du nouveau locataire de la Maison-Blanche, Barak Obama, dans une année. “Toutes nos prisons sont ouvertes aux organisations des droits de l'Homme et qui sont reparties convaincues que l'Algérie est un Etat de droit”, avait ajouté le représentant du gouvernement. Cependant, M. Zerhouni ne trouve pas que tout est noir dans le tableau dressé par les Américains. “Il y a énormément de points positifs”, a-t-il dit. L'APN s'abstient de soutenir Bouteflika Contrairement à l'élection présidentielle de 2004, le Parlement, qui a ouvert sa session de printemps hier, s'est abstenu d'apporter sa caution au président Bouteflika, préférant focaliser sur la nécessité de mobiliser les électeurs et de réunir les conditions pour un bon déroulement du scrutin dans des conditions de “transparence”. “Un rendez-vous important attend le peuple algérien qu'il ne doit pas manquer pour pouvoir exprimer son opinion et voter librement”, a affirmé M. Ziari, président de l'Assemblée, dans son allocution d'ouverture. “Un grand espoir est fondé sur le peuple algérien pour gagner cet enjeu en toute confiance et conscience et partant de sa capacité à distinguer entre les programmes et les candidats”, a-t-il ajouté. Comme pour les présidentielles passées, il n'a pas manqué d'exhiber la menace islamiste, histoire de mobiliser l'électorat. “Le peuple doit se remémorer les circonstances pénibles vécues par le pays et qui ont failli saper les fondements de la nation et anéantir les piliers de l'Etat. C'est pourquoi, il doit savoir que rien ne justifie le manquement au devoir, à l'expression de la citoyenneté et au sens de la responsabilité à l'égard de la patrie”. À ce titre, il appelle les partis, les organisations de masse, la société civile, les élus, les assemblées à agir de concert pour sensibiliser les électeurs. Evoquant la situation économique, M. Ziari a admis l'existence de certaines “faiblesses”, notamment l'absence de sécurité alimentaire et l'absence d'IDE en raison du climat d'affaires, qu'il convient, selon lui, de corriger à travers l'investissement public et privé national. “La crise mondiale a démontré que l'Etat algérien doit renforcer sa politique en matière d'investissements publics et de réalisation d'infrastructures de base, en usant de tous les moyens disponibles y compris le potentiel du secteur privé”, a-t-il estimé. Karim Kebir