Mi-figue, mi-raisin. Dans son rapport sur les droits de l'Homme en Algérie, le département d'Etat américain s'est voulu réconciliant. On ménage le loup et la chèvre. D'une part, les rédacteurs du rapport soulignent qu'aucune disparition ou «meurtre» attribué au pouvoir n'est signalé, et de l'autre, ils donnent crédit aux déclarations de certains avocats, soit-disant spécialisés dans les droits de l'homme, qui ont affirmé que la torture se poursuivait dans des établissements pénitentiaires algériens. Et aux mêmes rédacteurs de se contredire dans le même rapport en notant que «contrairement à l'année précédente, il n'y a pas eu de rapports sur des prisonniers politiques ou détenus politiques durant l'année». De contradiction en contradiction. Le même rapport accuse les autorités algériennes d'avoir fait pression sur les médias et les partis politiques et même de fraudes électorales. Et de souligner qu'en date du 29 novembre, «des élections locales pluralistes ont été tenues, mais le processus des élections a été miné d'irrégularités et d'accusations de fraude. Aucune surveillance des opérations de dépouillement n'était permise au niveau des communes, des wilayas ou au plan national». Or ce que semble feindre les rédacteurs est le fait que le ministre de l'Intérieur, avait affirmé que l'Administration n'est pas contre l'installation d'une commission nationale chargée de la surveillance des élections si les partis la réclament, à condition que «ses membres ne perçoivent pas de rémunération pour ne pas être gagnés par l'affairisme». Sur un autre registre, le département d'Etat américain a admis que le gouvernement a respecté la plupart des droits du travail prévus par la Constitution et par les lois existantes du travail. Thèse, antithèse. Et d'ajouter que dans les zones urbaines, des femmes ont été socialement encouragées à poursuivre des études supérieures ou une carrière. «Le taux de réussite au secondaire (baccalauréat) est meilleur chez les filles que chez les garçons» souligne le rapport qui fait abstraction de toute illusion à la lutte antiterroriste. Il y a lieu de signaler que ce rapport, qui se veut complaisant, intervient au moment où les relations algéro-américaines connaissent certaines divergences. Des divergences nées à la suite de la polémique soulevée par les rencontres initiées par l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger avec certaines associations et partis politiques invités à donner leur avis sur la situation sociopolitique algérienne. Une démarche dénoncée par le ministère des Affaires étrangères qui a, à demi mot, rappelé à l'ordre le diplomate américain.