La ville de Tadmaït, située à 20 kilomètres à l'ouest de la ville de Tizi Ouzou, a été secouée, hier, dans la matinée par un attentat kamikaze qui a fait deux morts, dont un garde communal, et cinq blessés, dont quatre civils. Il était 8h15 lorsque le kamikaze s'est précipité sur le siège abritant la garde communale de Tadmaït, devant lequel il s'est fait exploser. Selon des témoignages recueillis sur les lieux, l'envoyé un peu trop spécial d'Al-Qaïda au Maghreb a été repéré par le garde communal en poste au barrage fixe, dressé devant le siège, mais il s'est à peine approché de lui dans le but de l'interpeller que le terroriste actionna la charge contenue dans la ceinture bourrée d'explosifs, et en une fraction de seconde, l'horreur se déballera dans tous ses états. Du corps du terroriste il ne resta que sa tête baignant dans son sang, mêlé à celui du garde communal dont le corps a été complètement déchiqueté. Une femme d'un certain âge, sortie faire ses courses, a été tuée sur le coup par le souffle de l'explosion alors que sa petite-fille de 12 ans, qui l'accompagnait, s'en est sortie physiquement indemne mais moralement abattue étant désormais seule au monde, nous ont expliqué les riverains. Elles venaient toutes les deux de traverser la route lorsque l'explosion s'est produite à moins d'une trentaine de mètres. Un garde communal, qui était à quelques mètres de son collègue au moment de l'explosion, a été, quant à lui, grièvement blessé par plusieurs éclats de la bombe. Quatre autres personnes, dont deux étaient dans un véhicule sur le point de franchir le barrage fixe de la garde communale au moment de la déflagration, ont été blessées. En se rendant sur les lieux, il est facile de deviner que les dégâts auraient pu être beaucoup plus importants si l'attentat s'était produit avant 8 h, soit un quart d'heure auparavant, puisque la bâtisse mitoyenne du siège de la garde communale est le lycée Ali-Benour, dont les élèves venaient à peine de rejoindre leurs classes. À notre arrivée sur les lieux, les élèves, visiblement traumatisés et encore sous le choc, ont été libérés. Des dizaines d'entre eux, en compagnie d'autres personnes âgées, scrutaient de loin, sans mot dire, le siège de la garde communale qui venait de faire l'objet de l'attaque criminelle perpétrée par les criminels de l'ex-GSPC. Devant l'entrée du siège, qui abritait il y a quelque temps la gendarmerie, des policiers en uniforme et des éléments de la police scientifique poursuivaient leur enquête sous le regard vif mais triste des gardes communaux. Le portail bleu de l'entrée ainsi que le mur de clôture portent de nombreux impacts des éclats de la bombe. Des impacts qu'on croirait facilement être celles de rafales d'une arme lourde. Sur la chaussée, à quelques mètres de là, des traces de sang et des restes humains étaient encore visibles. “Ce sont ceux du criminel”, nous dira un membre de la garde communale. Il nous racontera que le kamikaze est venu derrière le garde communal en poste au niveau du barrage, et lorsque celui-ci s'est retourné et comprit qu'il s'agissait d'un individu suspect se dirigeant droit sur le siège il a tenté de l'interpeller ; c'est là que l'explosion s'est produite faisant de nouvelles victimes, semant la psychose parmi la population locale et surtout relançant le débat sur l'insécurité en Kabylie après quelques mois d'accalmie. Pour rappel, ce nouvel attentat kamikaze qui s'est produit en période de précampagne électorale est le premier du genre dans la wilaya de Tizi Ouzou, après celui perpétré à la voiture piégée, le 3 août 2008, contre le siège des Renseignements généraux en plein centre-ville de Tizi Ouzou. Depuis cette date, la peur a changé de camp, les groupes terroristes n'ont pas cessé de subir les coups durs que leur portaient les forces de sécurité en éliminant une trentaine d'entre eux dans la wilaya de Tizi Ouzou et où de nombreuses casemates ont été également détruites ; l'étau ne cesse de se resserrer autour des maquis terroristes. C'est, vraisemblablement, pour compenser, au moins sur le plan médiatique, ces coups successifs et ces défaites qui se suivent et se ressemblent que les groupes terroristes ont encore frappé hier des… civils. Samir LESLOUS