Le terroriste, qui portait une ceinture bourrée d'explosifs, a été pris de panique et a provoqué immédiatement l'explosion en plein trottoir. Deux personnes ont été tuées hier, dans la ville de Tadmait, 20 km à l'ouest de Tizi Ouzou, dans un attentat kamikaze. Selon des témoignages recueillis sur place, il était environ 8h10 du matin quand un individu suspect est passé devant le siège de la garde communale, situé à la cité de la «Liberté», plus connue sous le nom de la cité «Ferki». Un garde communal, qui était de faction, avait des doutes au sujet de la personne et s'est approché de lui afin de l'interpeller. Le terroriste, qui portait une ceinture bourrée d'explosifs, a été pris de panique et a provoqué immédiatement l'explosion en plein trottoir. Le garde communal est mort sur le coup. Il s'agit de Malek Renaia, âgé de 30 ans et originaire de Moul Diwane à Draâ Ben Khedda. Une femme qui accompagnait sa fille de quinze ans est également décédée sous les yeux de son enfant. C'est une fille de chahid de 51 ans, répondant au nom de Fadhma Bouraba. Hier, à notre arrivée au milieu de la journée, un climat de deuil profond régnait devant le domicile de la victime, situé à moins de dix mètres du siège de la garde communale. Des dizaines de chaises étaient installées tout au long du mur qui longe le domicile mortuaire pour accueillir les citoyens venus présenter leurs condoléances à la famille. Cinq autres citoyens dont une femme ont été blessés par l'explosion de la bombe. Certains sont dans un état grave, selon diverses sources. Au niveau du centre hospitalo-universitaire Nedir-Mohamed, l'accès des journalistes n'était pas permis à l'intérieur du service des urgences chirurgicales. Sans doute pour de ne pas perturber le travail des médecins et la prise en charge des victimes. Selon des sources concordantes, qui n'excluent pas que l'attentat pouvait viser initialement la caserne de la garde communale, il est fort probable que le kamikaze se dirigeait vers une autre destination, mais une fois surpris par le garde communal, le terroriste n'aurait pas eu d'autre alternative que de passer à l'action. La vigilance du policier municipal a précipité les choses. La bombe était très puissante au vu de l'impact des éclats remarqués sur le mur extérieur des locaux de la garde communale. Des premières indications laissent croire que le kamikaze serait âgé de 29 ans et dont le nom serait connu des services de sécurité. Mais cette information ne nous a pas été confirmée de source officielle et, devant l'état du corps du terroriste complètement déchiqueté, l'opération de son identification sera difficile dans le cas où cette première version serait infondée. Il faut noter que la perpétration de cet attentat dans un tel endroit peut être facilitée par le fait que la caserne de la police communale soit située à l'extrémité de la ville, dans un endroit retiré et sur une route qui mène tout droit vers le massif forestier de Sidi Ali Bounab. Cette forêt, qui sert de zone de repli aux terroristes, est située à moins de quatre kilomètres du lieu de l'attaque. Hier, au moment de notre passage, la ville aux mille martyrs, comme on pouvait bien le lire sur l'enseigne de l'entrée de la cité, était encore en émoi et sous le choc. Aux regards méfiants des citoyens, s'ajoutait la peine indicible qui se lisait sur les visages des personnes trouvées devant le domicile de la femme ayant perdu la vie dans l'attentat. La ville de Tadmaït était d'autant plus choquée car la population s'est habituée enfin à un climat de sécurité totale qui a prévalu ces dernières années. D'ailleurs, les habitants interrogés ne se souviennent plus de la date du dernier attentat perpétré dans la localité. Ils se souviennent juste que le mois de janvier dernier, trois terroristes, munis d'explosifs, avaient été abattus au niveau du barrage de gendarmerie situé à environ 2 kilomètres de l'endroit de l'attentat.