Affirmant que la souveraineté du Soudan est une ligne rouge à ne pas franchir, le représentant diplomatique du gouvernement soudanais à Alger dénie à la Cour internationale de justice le droit d'interférer dans les affaires intérieures de son pays, car le Darfour est une question purement interne, selon lui. Dans une conférence de presse animée hier au forum d'El-Moudjahid, à Alger, l'ambassadeur du Soudan en Algérie a affirmé que son pays “ne reconnaît pas le mandat d'arrêt” émis mardi dernier par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar Hassan El-Bechir. “Nous ne reconnaissons ni la CPI ni ses lois. Le Soudan n'est pas membre de la CPI, car n'étant pas signataire de la convention de Rome. Pour ces raisons notre pays n'est pas concerné par les décisions qu'elle émet”, a-t-il déclaré. M. El-Faki a souligné que la CPI travaille d'une manière “sélective”, car “ce qu'a fait Israël dans la bande de Gaza mérite l'intervention de la Cour pénale internationale”. Remettant en cause les fondements des recommandations du procureur de cette cour, il fera remarquer que “le procureur général n'a jamais visité le Darfour et qu'il s'est appuyé uniquement sur des témoignages de personnes qui ont des intérêts dans la région. C'est une preuve que leurs déclarations ne sont pas crédibles”. Par ailleurs, il dira que Khartoum dispose d'instances judiciaires à même de juger son président en dépassements avérés dans sa gestion, sans attendre l'immixtion de la CPI, ou du TPI. L'invité d'El-Moudjahid a insisté sur le fait que “la question du Darfour est une question interne et que les puissances occidentales ont mis leur grain de sel juste pour s'accaparer des richesses de la région et déstabiliser le pays”. “Mettre ce genre de sujet sur le tapis menace la sécurité et la stabilité de notre pays. Pourquoi les puissances mondiales ont-elles attendu que le Soudan connaisse une prospérité économique pour soulever la question du Darfour ?” s'est-il interrogé. Sur un ton ferme, M. El-Faki a tenu à préciser que la souveraineté du Soudan est une ligne rouge à ne pas franchir et qu'elle n'a pas besoin de tribunal extérieur pour juger ses fils. Continuant sur sa lancée, l'ambassadeur du Soudan soutiendra que le conflit du Darfour est considéré comme un problème interne et à aucun moment n'a pris la dimension d'un conflit international qui nécessite son transfert à la Cour internationale. L'orateur a accusé la cour d'être “sélective” dans la mise en œuvre de la résolution 1593, qui a exclu des ressortissants de certains pays pour comparaître devant la cour. M. El-Faki réaffirmera que son pays traite cette question avec sagesse et qu'ils garderont des relations cordiales avec les ambassades et les organisations humanitaires dès que cette dernière respectera la souveraineté du pays, au sujet des 13 organisations non gouvernementales (ONG) qui ont été sommées de quitté le Soudan vendredi. Bien que les ONG renvoyées du Soudan sont de très grandes organisations et qu'elles acheminent 40% de l'aide humanitaire à la population du Darfour, l'Etat soudanais n'a pas hésité un instant à leur demander de quitter le pays. M. El-Faki a assuré dans ce sens que ces dernières “ont dépassé leurs prérogatives et ont transmis des informations concernant le déplacement de l'armée soudanaise et qu'ils sont même allés jusqu'à filmer des bases militaires”. Les ONG sont accusées d'être la source du document envoyé à La Haye. Il s'agit d'ONG britanniques, américaines, françaises et norvégiennes avec la complicité d'associations soudanaises. Djazia Safta