On assiste ces derniers mois à une perte de pouvoir d'achat chez la majorité des citoyens. Alors que les pouvoirs publics restent lents à juguler ces hausses en organisant le marché, en appliquant de manière plus prompte une politique de l'offre et en mettant fin aux pratiques spéculatives. Vers la mi-février, le kilo de céleri coûtait 150 DA ! Un comble, lorsque la plupart des ménages l'utilisent comme condiment, afin d'agrémenter leurs plats ou leurs potages, et non pas, à proprement parler, en légume. Les dernières oranges de la famille des “Thomson” ont disparu, remplacées par les Jaffa, les “doubles fines” ou d'autres variétés moins appréciées, mais tout aussi coûteuses, bizarrement, entre 70 et 120 DA/kg. La pomme de terre qui coûtait, entre novembre et février, de 30 à 45 DA, pour le premier choix, s'est mise à planer en affichant les 60 DA/kg. Même constat pour l'oignon sec, à 45 DA, les dattes à 300 DA, les bananes à 150 DA, les cardes à 35 DA, les artichauts entre 70 et 90 DA, les petits pois qui ne sont pas descendus en dessus des 80 DA le kg, en pleine saison de production. Lorsque courgette et tomate affichent des prix qui avoisinent les 70-90 DA/kg, on pourra toujours se faire une raison en se disant que la saison est encore loin et que ces produits maraîchers ont été obtenus en serre. Mais la pénurie d'engrais, pour des raisons d'ordre sécuritaire, et sa cherté – au détail le kg d'engrais est payé 90 DA ! – risque de précipiter vers la catastrophe la prochaine récolte de patates, la plus importante, celle du printemps, et acculer à la faillite les agriculteurs qui ont acquis les semences à prix d'or, pour faire le bonheur des importateurs de patates de consommation et le malheur du couffin du pauvre. Il est vrai que les dettes des agriculteurs pourraient très bien être, encore une fois, apurées, sans doute pour les plus gros débiteurs, mais rien n'apaisera la faim de patate des plus démunis. Il est naturellement inutile de parler de viandes rouges ou blanches puisque, déjà, avant les nouvelles augmentations des prix, elles étaient inaccessibles pour la plupart des Algériens. Ainsi, le poulet, qui a vu ses prix dégringoler il y a trois ans, à la suite de l'alerte sur la grippe aviaire, pour atteindre les 120-150 DA/kg, temps béni où les ménages avaient pu se goinfrer de rôti, de chtitha ou de poulet au riz, coûte dans les 280 DA/kg, alors que la viande bovine était cédée à 450 DA/kg et la viande ovine à 600 DA ! Mais ce n'est déjà plus qu'un doux souvenir : désormais le mouton est remonté sur ses grands chevaux (sic !) pour se promener sur les pics de 900 à 1 000 DA/kg pour les bons morceaux, alors que le veau coûte entre 650 et 1 200 DA/kg. C'est, naturellement, la faute à la météo, plus clémente pour les éleveurs qui, de toutes les manières, trouvent toujours preneurs pour leur cheptel, chez les maquignons ou chevillards en cheville avec les contrebandiers qui mènent nos bons troupeaux en vadrouille vers les pays frères et amis qui nous aident à nous débarrasser du surplus de matières grasses, craignant pour nous les ravages du cholestérol. En attendant, on ne pourra même pas se consoler avec une salade verte, “spécial régime”, une laitue “têtue de Nîmes”, pour éviter les plats trop copieux, déconseillés pour notre santé. Djamel Zidane