Les prix poursuivent leur courbe ascendante, alors que les consommateurs revoient leurs besoins à la baisse. Il faut de plus en plus d'argent pour de moins en moins de produits. L'équation est difficile à résoudre pour des citoyens solidement ligotés par un pouvoir d'achat en constante érosion et un niveau de vie déplorable. L'accessibilité est un mot banni du vocabulaire du marché, toutes les marchandises ayant pris la tangente. Des équipements électroménagers aux matériaux de construction en passant par le prix du carburant, décidément rien n'est à la portée du consommateur qui craint que son budget ne puisse plus rien lui offrir. Les ménages peinent à s'approvisionner de manière correcte, les produits de large consommation grimpant sans cesse. Fruits et légumes narguent les clients, la pomme de terre n'est plus l'aliment passe-partout de l'Algérien au revenu modeste, alors que les légumes secs nous interdisent désormais de les considérer comme la nourriture du pauvre. La toute dernière infortune des citoyens, c'est le prix du sucre qui sale leur facture et leur laisse de l'amertume. L'affolement des prix ne semble pas avoir de limite. Leur libéralisation induite par l'économie de marché nourrit les appétits de façon démesurée et crée une anarchie incontrôlable. L'une des conséquences de cette anarchie est sans conteste le marché informel qui a sérieusement mis à mal l'économie nationale. La passivité des pouvoirs publics a encouragé le phénomène et légitimé une pratique illégale, si bien que l'informel est maintenant ancré dans les mœurs. Il n'y a pas de loi, mais des lois. Celles des commerçants, licites et illicites, qui arnaquent le client et le déplument à leur guise, en instaurant des marges bénéficiaires invraisemblables. Ces agissements ont pris une ampleur telle qu'ils pourraient saper toute tentative des autorités de réglementer le marché et que tous les efforts pourraient être insuffisants. Le seuil de l'intolérable a été atteint, il risque d'exacerber les tensions sociales. L'Etat s'est manifesté par le biais du ministre du Commerce qui a annoncé des mesures pour réguler les prix des produits de base. Ses précédentes annonces n'ont rien changé à la situation, mais il est à espérer que le nouveau dispositif prévu pour mettre un frein à la spéculation et à la hausse des prix puisse aboutir sur le terrain. Les dispositions qui seront appliquées dans cette optique doivent absolument conduire à la stabilisation du marché, les pouvoirs publics ont pour tâche de juguler les gros appétits des commerçants «hors la loi». R. M.