“Nous avons annoncé, le 23 février, un mouvement de protestation dans les deux mois qui suivent car le problème des marges bénéficiaires dure depuis dix ans. C'est un dossier qui se trouve bloqué au niveau de la chefferie du gouvernement. Nous avons tenu une réunion du bureau extraordinaire à Oran élargie à des bureaux de wilaya. Si nous constatons que jusqu'au 23 avril les portes du dialogue nous sont toujours fermées, nous irons à la protestation avant même la fin de ce délai. La forme que prendra la grève sera à l'appréciation des pharmaciens. Nous devrons être tous unis ! ” C'est en ces termes que s'est exprimé le Dr Fayçal Abed, président du Snapo, lors d'un point de presse, tenu ce jeudi à Oran, en marge de la 5e journée des pharmaciens, une rencontre scientifique organisée par le bureau d'Oran du Snapo. L'échéance du 9 avril a-t-elle influé sur ce calendrier de contestation ? Non, a encore affirmé l'intervenant. “Nous ne faisons pas de politique. Pour nous, ce qui compte, c'est que le gouvernement doit accepter d'ouvrir les portes du dialogue et permettre aux pharmaciens d'augmenter leurs marges bénéficiaires. Nous demandons que celles-ci ne soient pas inférieures à 20%, puisque c'est à ce palier que nous sommes imposables. Cela fait dix ans que les marges bénéficiaires des pharmaciens sont bloquées entre 17% et 18%”. Pour justifier cette revendication et leur mouvement de protestation à venir, le président du Snapo a tenté de casser l'image des pharmaciens qui “ne seraient que des commerçants et qui se portent bien financièrement”. Et d'évoquer une situation de crise dans la profession : “Je n'ai pas tous les chiffres en tête mais je peux vous dire que depuis octobre 2008, cinq pharmaciens ont cessé leur activité et ont émigré au Canada, d'autres ont carrément changé d'activité. 95% des pharmaciens sont endettés avec les fournisseurs et certains d'entre eux ont même été incarcérés pour n'avoir pas réglé leurs dettes. 90% des pharmaciens sont déficitaires. Le pharmacien, aujourd'hui, n'arrive pas à joindre les deux bouts”. Conscient de l'impact négatif que pourrait avoir une grève des pharmaciens sur la population, le Dr Fayçal Abed affirme que les pharmaciens ont toujours agi en professionnels de la santé et se sont efforcés d'être utiles pour le citoyen. Et de rappeler leur engagement lorsqu'il s'est agi de promouvoir le générique, la mise en place de la carte Chifa, le tiers payant, etc. “Nous avons été présents à chaque fois mais à côté de cela, les doléances du Snapo n'ont jamais été prises en considération”. Parmi ces doléances qui pèsent lourdement sur l'activité des pharmaciens, la pression des lobbies, des monopoles et des grossistes, il en existe 435 à l'échelle nationale, une aberration pour notre interlocuteur. “Les pharmaciens subissent des pressions, on leur impose la vente concomitante. Ce qui est illégal. On veut à tout prix les faire entrer dans un cadre de business. Nous avons maintes fois signalé ces abus, en vain”, finira par déclarer le président du Snapo. Afin d'obtenir des négociations, le Snapo vient de transmettre des demandes d'audience auprès des ministères concernés par la question des marges bénéficiaires ainsi qu'auprès de la chefferie du gouvernement. Pour l'heure, aucune réponse ne leur est parvenue. Toute la question est de savoir si en cette période les pouvoirs publics peuvent se permettre un mouvement de grève des pharmaciens. DJAMILA L.