Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), arrivés hier à Vienne, entretenaient le suspense sur l'issue de la réunion qui devrait porter, aujourd'hui, sur la nécessité de respecter à 100% les engagements de baisse de la production pris fin 2008. “Il y a trop de pétrole” sur le marché. C'est du moins ce qu'a indiqué le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari. Il a toutefois refusé d'indiquer si son pays appellera à une nouvelle baisse de production lors de la réunion ministérielle de l'Opep. “Nous allons œuvrer pour respecter à 100% les baisses de production auxquelles nous nous sommes engagés”, avait déclaré, la veille, le ministre vénézuélien du Pétrole Rafael Ramirez. L'Opep pourrait décider de “maintenir son quota actuel de production ou constater un excédent de l'offre qui nécessiterait une nouvelle baisse de la production”, avait semblé résumer le ministre koweïtien Cheikh Ahmad Abdallah Al-Sabaha. Dans tous les cas, le groupe devrait appeler ses membres à respecter très strictement leurs quotas de production respectifs pour tenir les engagements pris fin 2008. Le plafond actuel de production de l'Opep, pour 11 des 12 pays membres, car l'Irak n'est pas soumise à des quotas, est fixé à 24,84 millions de barils par jour (mb/j). Depuis septembre dernier, l'Opep a décidé de retirer du marché 4,2 mb/j afin d'enrayer l'effondrement des cours du brut, qui s'étaient écroulés jusqu'à 32,40 dollars à l'automne. Cela devait aussi désengorger un marché inondé par un excès de production. Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), l'Equateur et l'Angola en particulier ne respectent pas leurs quotas de production. L'Arabie Saoudite, premier producteur de l'Organisation qui, jusqu'à septembre, a dépassé aussi largement ses quotas, a depuis fourni le plus gros de l'effort de réduction en retirant du marché 1,6 mb/j sur le total de 4,2 mb/j promis. Ainsi, les Saoudiens, qui pompaient autour de 9,6 mb/j au mois de septembre, n'en extrayaient plus que 7,95 mb/j en février (selon l'AIE), soit un peu moins que leur plafond de 8,05 mb/j. Face à cet effort, l'Arabie Saoudite pourrait donc mettre son veto à un changement de production lors de la réunion de Vienne. Riyad, qui table sur un baril à 75 dollars comme prix raisonnable, a déjà fait savoir, dans un article du quotidien arabophone Al-Hayat, qu'il souhaitait un meilleur respect des quotas avant d'aller plus loin. Actuellement, le baril tourne autour de 44 dollars sur le marché. Parmi les partisans d'une baisse de la production, l'Algérie avait souligné mercredi que l'Opep s'exposait à une nouvelle dégringolade des prix si elle décevait les attentes du marché, les opérateurs ayant déjà intégré ce scénario. Par ailleurs, l'AIE et l'Opep, dans son rapport mensuel de mars publié vendredi, ont fortement révisé à la baisse leurs pronostics de demande de brut mondiale pour 2009, et parlent d'un déclin de 1,2 à 1 mb/j cette année. “La réponse semble claire : en cas de baisse (de la production de l'Opep), le baril pourrait repasser le seuil de 50 dollars, sinon il stagnera entre 40 et 50”, jugeait Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Pour sa part, le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi a déclaré, à son arrivée à Vienne, que le marché n'est “pas encore” équilibré, affirmant qu'il souhaitait un respect des quotas de production “aussi élevé que possible”, à la veille de la réunion.