En dépit du développement de l'outil informatique, de l'intronisation des nouvelles techniques dans le système médical et la très nette amélioration des conditions de vie de la société civile, les populations de la wilaya de Mascara, en général, et celles rurales, en particulier, restent très attachées aux us et coutumes de leurs ancêtres. En dépit du développement de l'outil informatique, de l'intronisation des nouvelles techniques dans le système médical et la très nette amélioration des conditions de vie de la société civile, les populations de la wilaya de Mascara, en général, et celles rurales, en particulier, restent très attachées aux us et coutumes de leurs ancêtres. En effet, dans certaines contrées du territoire, dépourvues, il est vrai, de toutes structures sanitaires, les populations font usage de plantes pour prodiguer les premiers soins à leurs malades, mais le plus significatif reste les accouchements pratiqués par de vieilles femmes sans aucune assistance médicale. Dans ce contexte, les statistiques font ressortir un taux de réussite très élevé des opérations car l'expérience acquise par celles qu'on appelle dans la région les “kablete” fait éloigner les risques de l'échec. La transition est opérée d'une manière tout à fait naturelle, et chaque douar possède une “kabla” disposée à intervenir en toutes circonstances. Khadidja, une sexagénaire, a à son actif une cinquantaine d'opérations pratiquées avec succès sur des femmes de son douar, les soulageant du fardeau qu'elles portaient dans leur ventre et préservant la vie de leurs bébés. “Ma première expérience remonte quand j'avais 45 ans et je l'ai tentée sur ma bru prise de douleur en pleine nuit. J'ai eu la chance d'avoir assisté à un accouchement d'une voisine, et l'occasion m'a été offerte de suivre les mouvements et les gestes de la kabla qui l'a délivrée. L'opération s'est bien déroulée et, depuis ce jour, je réponds à toutes les sollicitations, car j'éprouve une très grande satisfaction de faire accoucher les femmes sans aucune contrepartie. C'est, à la fois, un honneur et une fierté pour moi de revoir un enfant dont j'ai été la première à accueillir à sa sortie du ventre de sa maman. Moi-même j'ai mis au monde 5 enfants et j'ai 8 petits-enfants que j'ai moi-même extirpés du ventre de leurs mères. Je n'avais pas besoin de faire appel à une autre puisque dès ma première expérience, j'ai enchaîné. Avant, dès que le bébé sortait du ventre de sa mère, je coupais le cordon ombilical, j'essuyais le corps du sang à l'aide d'une serviette et je le remettais à sa maman. Aujourd'hui, les gestes d'antan ont changé puisqu'il faut soulever le bébé pour permettre la circulation du sang et laver à l'eau chaude le corps.” Contrairement aux femmes des villes qui sont régulièrement suivies par des gynécologues dès les premiers mois de leur grossesse et accouchent dans des cliniques ou dans des maternités en présence d'un personnel médical qualifié, celles des régions rurales ont un cheminement différent caractérisé par des tâches pénibles qu'elles accomplissent à longueur de journée sans jamais rechigner, et ce, jusqu'à leur accouchement. A. B.