Encore une fois, Rabat, qui viole systématiquement les droits de l'Homme au Sahara occidental, comme cela a été confirmé par Human Rights Watch, la fondation France Libertés, le Haut-Commissariat de l'ONU des droits de l'Homme et, plus récemment, par les euro-parlementaires, s'en prend à l'Algérie, qu'il rend responsable de tous ses maux. Alors que les rapports sont formels sur les violations des droits de l'Homme au Sahara occidental par les autorités marocaines, l'ambassadeur du royaume chérifien et représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, Omar Hilale, s'en est vertement pris à l'Algérie en soulignant que "le Maroc n'a pas de leçon à recevoir de l'Algérie, particulièrement dans le domaine des droits de l'Homme, d'autant plus que la situation des droits de l'Homme n'est guère reluisante dans ce pays". Il affirmera, toute honte bue, que "le registre des droits de l'Homme au Maroc est brillant et positif, ce qui n'est nullement le cas de celui de l'Algérie". Ne s'arrêtant pas là, il estimera que "s'il y a un pays dans la région où les droits de l'Homme sont les plus respectés et protégés et où la démocratie est en marche, c'est bien au Maroc et non en Algérie". Voilà des déclarations ne se basant sur aucun fait réel, d'autant plus que ce n'est pas l'Algérie qui a été violemment critiquée ces dernières années par les rapports des ONG et autres groupes parlementaires, mais bien le Maroc. Sans apporter la moindre preuve de ses assertions, l'ambassadeur marocain relèvera que le délégué algérien, tout comme le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, qui a évoqué devant le Conseil de prétendues violations de droits de l'Homme au Sahara marocain, "se préoccupent de la situation des droits de l'Homme au Sahara et occultent celle des droits de l'Homme en Algérie", où, selon lui toujours, "les pires violations des droits de l'Homme se déroulent actuellement". Il tentera même de faire endosser à l'Algérie des violations de droits de l'Homme dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, alors que les rapports des ONG n'ont fait que peu de remarques dans ce cadre au Front Polisario, qui gère ces camps, et qui relèvent de sa responsabilité, même s'ils se trouvent en territoire algérien. Dans le même ordre d'idées, le diplomate marocain cherchera à démontrer que la question du Sahara occidental est bilatérale, en faisant référence à des déclarations des responsables algériens liant l'ouverture des frontières entre les deux pays au règlement de ce problème, alors que c'est toujours Rabat, qui a de tout temps lié l'amélioration des relations entre les deux pays, où toute avancée dans la concrétisation de l'Union du Maghreb arabe (UMA), à une reconnaissance algérienne de l'occupation du Sahara occidental. Ceci étant, Omar Hilale a saisi l'occasion pour fustiger l'attitude de l'ONG France Libertés qui a estimé qu'il y a une détérioration de la situation des défenseurs des droits de l'Homme au Sahara. Il a notamment déploré que cette ONG ait singularisé le Maroc parmi une quarantaine de pays cités dans le rapport de la Rapporteuse spéciale sur les défenseurs des droits de l'Homme. Selon lui, "les défenseurs des droits de l'Homme n'ont pas que des droits, mais également des obligations et responsabilités", avant d'ajouter qu'" un défenseur des droits de l'Homme qui ne respecte pas ces obligations n'est pas un défenseur des droits de l'Homme, un défenseur des droits de l'Homme qui reçoit de l'argent et des instructions de l'étranger est un mercenaire". Ainsi, pour Rabat, les défenseurs des droits de l'Homme deviennent des mercenaires, parce qu'ils ne caressent pas la monarchie dans le sens du poil. Amnésique et feignant d'oublier les nombreuses visites effectuées par les ONG à Tindouf, il demandera à l'Algérie "d'autoriser le contrôle sur le terrain de la situation des droits humains dans les camps de Tindouf". Cela dénote le manque de maîtrise du dossier par le responsable marocain, qui n'a que peu d'arguments à opposer à la réalité telle que rapportée par Human Rights Watch, par la fondation France Libertés, par les euro-députés et par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme, dont le rapport accablant pour le Maroc n'a pas été rendu public à ce jour suite aux pressions marocaines avec le soutien de Washington et Paris. Merzak Tigrine