Dans la lettre d'information de l'académie militaire portant le nom d'Yitzhak Rabin, des soldats formés dans cette institution font état de meurtres gratuits de Palestiniens civils pendant la dernière guerre à Gaza par des tireurs d'élite israéliens, confirmant les accusations contre l'armée de l'Etat hébreu. Faits rares en Israël, des officiers de l'armée, ayant participé à l'attaque contre Gaza, témoignent de dépassements de leurs collègues durant les agressions contre le peuple palestinien. L'événement est d'une importance capitale, d'autant plus qu'il confirme, cette fois-ci de sources israéliennes, la barbarie de l'armée dirigée par le ministre de la Défense Ehud Barak. Les témoignages repris par le quotidien Haaretz et publiés leurs récits dans la lettre d'information de l'académie, font état par exemple du cas d'une mère palestinienne tuée avec ses deux enfants par un tireur d'élite israélien parce qu'elle s'était trompée de chemin en sortant de chez elle. Une vieille femme palestinienne a été tuée alors qu'elle marchait à 100 mètres de sa maison. D'autres témoignages font également état d'exactions, d'actes de vandalisme et de destructions dans des maisons. Voilà des cas flagrants de massacre de civils palestiniens, parmi tant d'autres, qui ne laissent planer aucun doute sur la nature des actes commis par les soldats israéliens, passibles de poursuites judiciaires, notamment auprès des instances juridiques internationales. En réaction à ces révélations choquantes, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, toute honte bue, a eu le courage de dire : “L'armée israélienne est la plus morale du monde, et je sais de quoi je parle car je sais ce qui s'est passé en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak.” Quant au directeur de l'académie, Dany Zamir, il a déclaré à la radio publique en qu'il s'agissait de “témoignages très durs sur des tirs injustifiés contre des civils, de destructions de biens qui dénotent une atmosphère dans laquelle on se croit permis d'utiliser la force sans restriction contre les Palestiniens”. Il a précisé qu'il avait transmis ces témoignages à l'état-major pour qu'une enquête soit diligentée. Danny Zamir a annoncé qu'il avait décidé de publier le débat uniquement après avoir parlé et écrit à plusieurs reprises aux officiers supérieurs de la FID. Les officiers d'état-major ont dit à Zamir que les enquêtes opérationnelles au sujet des combats à Gaza, y compris l'enquête sur l'éthique, étaient loin d'être terminées. Les officiers ont aussi dit qu'ils n'avaient pas trouvé de preuves quant au type d'incidents décrits par les soldats. Plus réaliste, un commentateur de la radio publique israélienne, Moshé Hanegbi, spécialisé dans les questions juridiques, a estimé que ces témoignages étaient “d'autant plus inquiétants qu'ils ne viennent pas de Palestiniens, mais de soldats qui n'ont aucun intérêt à ternir la réputation de leurs camarades”. Il soulignera qu'“il ne faut pas que l'armée enquête sur elle-même car une telle enquête ne serait pas crédible alors qu'Israël est accusé de crime de guerre à l'étranger et que des officiers pourraient été poursuivis dans le monde”. Pour rappel, l'agression de l'armée israélienne, de 22 jours, du 27 décembre 2008-18 janvier 2009, contre la bande de Gaza a fait plus de 1 300 morts et 5 000 blessés palestiniens. Parmi les morts figurent 437 enfants âgés de moins de 16 ans, 110 femmes et 123 personnes âgées, ainsi que 14 médecins et 4 journalistes. Merzak Tigrine