En s'adressant directement aux dirigeants iraniens à l'occasion de leur nouvel an, Barack Obama a entamé une rupture historique avec la politique d'isolement de l'Iran menée depuis trente ans par les gouvernements américains successifs, mais surtout son prédécesseur, le va-en guerre, Bush. Il y a sept ans, exactement le 29 janvier 2002, lors de son discours sur l'Etat de l'Union, George Bush évoquait pour la première fois “un axe du mal” qui comprenait la Corée du Nord, l'Irak (alors dirigé par Saddam Hussein) et l'Iran. Tout au long de ses deux mandats, le républicain néo-conservateur n'a eu de cesse de maintenir l'isolement diplomatique de la République islamique en vigueur depuis la Révolution de 1979 et la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran. La détermination de maîtriser la technologie nucléaire avec le flou entretenu par les responsables iraniens sur la nature de leur programme, et leur soutien affiché de Téhéran à des organisations hostiles au couple israélo-américain, comme le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien (considérées par les Etats-Unis comme terroristes), avaient été considérés comme un vrai casus belli par Bush. Les tensions entre les deus pays se sont aggravées et à plusieurs reprises elles ont frôlé le pire. Embourbé en Irak, Bush avait fini par accepter un dialogue direct avec les Iraniens, peu avant la fin de son mandat. Les Etats-Unis étaient conscients que l'Iran était un acteur incontournable pour permettre un retour relatif de la sécurité et de la stabilité en Irak et pour également sécuriser toute la région du golfe arabo-persique et même plus. Pourtant, ces mêmes Etats-Unis, appuyés par l'Union européenne et à un degré moindre par la Russie et la Chine, avaient multiplié les sanctions pour tenter d'obtenir que la République islamique renonce à son programme d'enrichissement d'uranium. Sans succès puisque Téhéran a même procédé à des lancements de fusées spatiales. L'administration Bush a même fait donner appui à son allié israélien qui n'avait pas arrêté de menacer l'Iran de l'option militaire. Bush et les Européens devaient acquiescer et menacer de frappes en cas d'échec patent de la voie diplomatique. C'est cette possibilité que Barack Obama a implicitement exclue en transmettant aux dirigeants iraniens ses vœux à l'occasion de Noruz, le nouvel an iranien. D. Bouatta