Loin du pays et prise dans ses préoccupations quotidiennes, la communauté échappe au battage de la campagne menée en Algérie. C'est à la rue de la Charbon-nière, au cœur du quartier Barbès-la Goutte d'Or, que les partisans d'Abdelaziz Bouteflika ont choisi d'installer leur permanence de campagne. Mosquée, hammam, restaurants où l'on peut acheter m'hadjeb et beignets, raï et chaâbi, livres religieux étalés sur les trottoirs : le quartier offre les allures d'une médina. On y croise plus de femmes voilées que de jeunes filles en minijupe ou jean's moulant. Le QG de campagne est un banal local commercial qui ne dépasse pas les 20 m2. Non exploité, il a été mis à disposition par son propriétaire. La hantise de l'abstention semble avoir motivé la décision d'ouvrir cette permanence électorale. En France, près de 800 000 électeurs sont inscrits mais la communauté émigrée n'a pas la réputation de se mobiliser en masse même si les images de 1995 ont marqué les esprits. Le contexte était exceptionnel ! Cette fois, les services consulaires ont pris les devants. Des courriers ont été adressés aux ressortissants immatriculés pour la mise à jour des listes électorales. Loin du pays et prise dans ses préoccupations quotidiennes, la communauté échappe au battage de la campagne menée en Algérie. Un exemple ? Cet homme qui entre dans le local et qui, en toute bonne foi, demande si Bouteflika est candidat. Il ne faut surtout pas lui demander les noms des autres candidats. L'homme s'empare d'un portrait du président avec sa profession de foi pour “une Algérie libre et sereine”, le plie soigneusement et s'en va avec. Pour en faire quoi ? Il ne sait pas, mais promet d'être au rendez-vous des urnes. En ce premier week-end de campagne parisienne, il n'y a pas foule. Le local est tapissé de portraits du candidat. Des tracts sont disposés sur des tables. Ils contiennent un appel à la communauté algérienne de la région parisienne et rappellent quelques réalisations du président sortant et quelques projets du candidat. Le député FLN, Abdelmadjid Azzedine, est tout miel avec les visiteurs. Deux femmes devisent tranquillement. Un septuagénaire, barbe et calotte blanches, prie pour la victoire de Bouteflika. Il affiche un regard sombre quand on lui dit que la victoire est quand même déjà acquise. Le comité compte se déployer pour mener son travail de proximité : meetings, affichage et discussion. Lunettes de soleil sur le front, une femme revient justement d'une mission dans une rue proche, Max-Dormoy, et à Montreuil. Elle a observé, un peu surprise, que l'information ne semble pas avoir bien circulé. Le comité attend le week-end prochain et l'arrivée d'une délégation d'Alger. Le directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, doit animer un meeting à la Maison de la chimie à Paris. Les autres candidats ne semblent pas avoir de représentation. A. O.