Les chantiers de l'unité de réparation navale de Béjaïa (ERENAV) tournent à plein régime au niveau du port. Cette entreprise publique compte tirer profit du marché de la réparation navale en pleine expansion. “Les navires ont une obligation technique d'assurer des contrôles et révisions périodiquement. D'habitude, ce type d'opérations est confié aux opérateurs étrangers avec des coûts en devise forte. Désormais, cela se fait ici localement à Béjaïa”, se félicite un cadre de cette entreprise. Et ce dernier d'expliquer : “Ici, l'on assure des travaux de carénage, de lavage haute pression de la coque des grands navires (300 bars), de sablage des parties corrodées suivis d'application de peinture et de travaux de ballasts et capacités, piquage, brossage et autres travaux de mécanique (visite des vannes de coque...).” La facture de réparation des navires algériens atteint, chaque année, une centaine de millions d'euros. L'Algérie affiche aujourd'hui l'ambition de réduire sa dépendance aux remorqueurs étrangers et a créé sa propre société de réparation. Notre pays est passé ainsi du statut de client à celui de prestataire des bateaux étrangers. Le marché est énorme. Chaque année, plus de 7000 navires font escale dans les ports algériens. “Des milliers de navires étrangers nous passent pour ainsi dire sous le nez. Nous n'avons pas les moyens de les remorquer ou de les réparer. Nous avons intérêt à créer un marché local de la réparation navale”, a estimé notre interlocuteur. Seules 20% des réparations sont effectuées en Algérie. Une grande majorité des navires algériens (80%) se dirige vers les ports étrangers pour les besoins de réparation. Un armateur souligne que la flotte marchande nationale compte 70 navires et la flotte de pêche dispose de plus de 1000 chalutiers et sardiniers. Cela est d'autant plus intéressant pour les navires étrangers que le coût de la main-d'œuvre algérienne est le plus bas du bassin méditerranéen. Une source de la SGP Sogeports souligne que “la demande en réparation et remorquage sera de plus en plus forte ces prochaines années”. À l'heure actuelle, l'entreprise nationale de réparation navale (Erenav) n'assure pas totalement les 20%, puisqu'elle a recours à des soumissionnaires pour l'assistance technique. “Nous avons besoin jusqu'à 3 entreprises de réparation”, soutient notre interlocuteur. Il est également à signaler que la quasi-totalité des remorqueurs date des années 1980. Les ports rencontrent surtout des difficultés à trouver les pièces de rechange spécifiques aux remorqueurs. Après la finalisation de l'opération de création de la société de réparation navale, le groupement public devrait être élargi à d'autres missions. Les entreprises portuaires se montrent très optimistes quant à l'avenir de la maintenance navale en Algérie. Saïd L.