Depuis le lancement de ces journées, la plupart des films projetés abordent la société dans laquelle nous vivons et son rapport à la francophonie. Dimanche dernier, à 18h, c'était Dar Enness (La Villa), du réalisateur tunisien Mohamed Damak. Sorti en 2003, Dar Enness est histoire du film autour de Hedi, un jeune Tunisois, qui vient de rater, pour la troisième fois son bac. C'est l'été. Les vacances. Aucune perspective en vue. Sauf celle de partir avec sa famille s'installer dans la maison du patron de son père, parti en vacances sur la Côte d'Azur. L'idée n'enchante guère Hedi qui n'a qu'un seul rêve : quitter le pays pour des cieux meilleurs et cléments. Malgré tout, il part dans la villa. Une fois sur place, l'espoir renaît. Il fait connaissance avec sa voisine Ramla dont il tombe amoureux. Rien de spécial jusque-là. Mais l'arrivée de Farouk, frère de Hedi, installé depuis trois ans à l'étranger et homme d'affaires de son état, va bousculer les évènements. En fait, le réalisateur, à travers ses personnages, décortique la société tunisienne en particulier, et maghrébine en général. Ce film nous fait découvrir une société en décomposition. Une société où le matériel prime, où les valeurs disparaissent. Une société sombrant dans le chaos ! Certes, dans ce film, le réalisateur Mohamed Damak a tenté de lever le voile sur une société mal dans sa peau, subissant un poids de toutes parts. Des fléaux la rongent : l'intégrisme qui prend de l'ampleur, le trafic de documents et autres, l'émigration… Des phénomènes sociaux des plus désolants, cependant abordés d'une manière très légère, voire survolée. Ce qui est dommage, car, aller plus en profondeur aurait donné plus de consistance à la trame du film. Par ailleurs, le jeu des comédiens, surtout les principaux, à savoir Lotfi Abdelli (Hédi) et Dora Zarrouk (Ramla), n'était pas vraiment convaincant. Un certain malaise dans l'interprétation se ressentait. À un moment donné, on avait l'impression qu'ils jouaient pour jouer. Il n'y avait pas cette fougue dans le jeu. Toutefois, Dar Enness, dans l'ensemble, reste une bonne brèche critique de la société maghrébine. À rappeler que ce film est le second long métrage du réalisateur Mohamed Damak. Lundi dernier, à 20h, l'Egypte a proposé le long-métrage Qoss oua Lassek (Couper-Coller), de la réalisatrice égyptienne Hala Khalil. Il qui aborde un thème de société, à savoir l'émigration. C'est l'histoire de Gamila (Hanane Turk, avant qu'elle porte le voile), une jeune Cairote, qui vit mal dans sa société et surtout au sein de sa famille ; en perpétuel conflit avec sa mère incarnée par la comédienne Sawsan Badr. Pour Gamila, la seule solution est de quitter le pays. D'ailleurs, elle veut se rendre en Nouvelle-Zélande. Mais, il faut qu'elle soit mariée pour pouvoir partir. Pour ce faire, elle décide d'épouser le jeune Youssef (Sharif Mounir), qu'elle connaît à peine. Tenant à tout prix à la réussite de son projet, elle accepte même un mariage collectif offert par un grand hôtel ! Autour de Youssef et Gamila, d'autres personnages viendront se greffer au film, chacun avec son lot de peines, de joies, son quotidien, sa vie… Par ailleurs, si l'émigration est le thème principal du film, la réalisatrice en a abordé d'autres : le chômage, le désarroi des jeunes et leurs frustrations. Qoss oua Lassek est le reflet d'une malvie générale en Egypte, où l'espoir est très présent. Malgré tout le drame social que vivent les personnages, l'amour reste l'élément le plus présent, une sorte d'oxygène ! Amine IDJER