Devant la détermination française et russe à s'opposer à toute résolution permettant aux Etats-Unis de recourir automatiquement à la force contre Bagdad, le débat au conseil de sécurité n'est pas près de prendre fin. Le vote unanime du conseil de sécurité d'une résolution sur l'Irak, souhaité par Paris, est loin de se concrétiser. Les Etats-Unis refuseront de se plier aux exigences françaises en rejetant le recours automatique à la force, si Saddam Hussein ne facilite pas la tâche aux inspecteurs onusiens. Une rencontre des quinze membres du conseil de sécurité est prévue aujourd'hui pour tenter de trouver un compromis, après avoir entendu une nouvelle fois le chef des inspecteurs, le Suédois Hans Blix. Si le blocage persiste, le ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villopin, menace de déposer son propre projet de résolution. La France semble décidée à défendre sa position jusqu'au bout, comme l'a affirmé, samedi à Ryadh, son ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie : “La France s'oppose à un recours unilatéral à la force et également aux actions de force préventives.” Côté américain, George Bush maintient la pression : “Si l'ONU n'agit pas, si Saddam Hussein ne désarme pas, nous dirigerons une coalition pour le désarmer”, a-t-il clamé. Le président américain fait cavalier seul, ignorant les appels à la sagesse et les manifestations contre une guerre en Irak. Cent mille personnes se sont rassemblées samedi à Washington, pour crier leur opposition à la politique de Bush dans le dossier irakien. Des manifestations similaires se sont déroulées le même jour à Rome, Berlin et Amsterdam. Cette semaine s'annonce cruciale pour le vote d'une résolution sur l'lrak, qui devrait intervenir d'ici à la fin du mois courant. Le soutien des dix pays membres non permanents du conseil de sécurité paraît décisif pour l'adoption d'une nouvelle résolution, bien qu'ils ne disposent pas du droit de veto. La réunion d'aujourd'hui avec le chef des inspecteurs pourrait résoudre, du moins partiellement, le désaccord entre les Etats-Unis, la France et la Russie. Les Français et les Russes, d'un côté, et les Américains, de l'autre essayeront, chacun à sa façon, de rallier à leurs causes les membres non permanents du conseil de sécurité, pour mettre devant le fait accompli le vis-à-vis. En effet, comme neuf voix suffisent pour adopter une résolution et que le recours à l'utilisation du droit de veto par un des membres du conseil de sécurité semble exclu par les observateurs de la scène internationale, le vote des membres non permanents devient très important. Prenant le soin d'afficher une neutralité de circonstance, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, appelle à l'adoption rapide d'une résolution “renforçant le pouvoir des inspecteurs, de manière à ce qu'il n'y ait ni mollesse, ni ambiguïté” similaires à celles des précédentes, qui avaient mené à l'échec les inspections passées. Les Etats-Unis, pressés d'aboutir à une résolution veulent mettre fin à un débat qui s'éternise. De deux choses l'une, ou ils parviennent à un compromis avec les Français, ou ils obtiennent l'aval d'au moins sept des dix membres non permanents du conseil de sécurité, qui viendraient renforcer leurs voix et celle de la Grande-Bretagne, toujours alignée sur Washington. K. A.