La crise financière mondiale a eu raison des groupes internationaux qui réduisent leurs investissements. L'Algérie est au cinquième rang des 13 pays, qui bordent la Méditerranée, qui attirent le plus grand nombre de projets d'investissements étrangers au cours des neuf premiers mois de l'année 2009. Le Maroc, l'Egypte, la Turquie et la Tunisie sont classés avant l'Algérie qui aurait reçu moins de deux milliards de dollars. Selon le Réseau euro-méditerranéen des agences de promotion des investissements, 291 projets ont été détectés pendant les trois premiers trimestres de l'année 2009, dont 106 au 3e trimestre dans toute la zone. En termes de montants, les annonces représentent 30,4 milliards d'euros en montants bruts et 13,7 milliards d'euros en montants lissés. Ces chiffres confirment la tendance de baisse forte enregistrée pour le premier semestre 2009 qui était de moins 50% en nombre de projets et moins 53% en montants lissés par rapport au rythme de 2008. Les dégâts sont limités grâce à un superprojet du promoteur qatari Barwa Real Estate qui lance un investissement d'un milliard de dollars pour un projet immobilier dans la ville de New Cairo. Pour ce qui est des tendances sectorielles des IDE détectés au cours des trois premiers trimestres 2009, le duo de tête, énergie et BTP, représente à lui seul 36% du nombre de projets annoncés. Le secteur de l'énergie ne souffre donc quasiment pas de la crise. Selon Anima, parmi les projets annoncés figurent par exemple les investissements de l'anglais BP et de l'italien ENI en Egypte, qui créent le joint-venture Gulf of Suez Petroleum Co. pour exploiter leur concession offshore de Ras El Bar, ou encore le projet de GDF Suez sur le gisement gazier de Touat en Algérie. En revanche, le secteur de l'immobilier et des infrastructures est davantage impacté. Il représentait 16% du portefeuille de projets en 2008, contre seulement 11% en 2009. Plusieurs projets lancés par les pays du Golfe font par ailleurs l'objet de retards, de gels ou d'annulation. Le groupe Emaar a ainsi gelé ses investissements et ses projets prévus en Algérie, dont le complexe touristique Colonel Abbès, à l'ouest d'Alger, tout comme les émiratis Mubadala et Dubal, qui devaient s'associer à Sonatrach et Sonelgaz dans le projet d'aluminerie de Aïn Témouchent, selon la même source. Même le Maroc, champion d'attractivité des investissements, a été touché. Dubaï Holding cherche actuellement à relancer un projet d'aménagement dans le pays, initialement chiffré à 2 milliards de dollars et interrompu début 2009. Dans ce contexte atone, certains secteurs tirent néanmoins leur épingle du jeu, et notamment les télécoms qui doublent leur part dans le portefeuille de projets par rapport à 2008, avec 18 projets enregistrés depuis le début de l'année. La Turquie attire ainsi des investissements du suédois TeliaSonera, via sa filiale Turkcell, et de l'anglais Vodafone. Au Maroc, Vivendi développe substantiellement les activités de Maroc Telecom et les koweïtiens Zain et Al Ajial Investment Fund se positionnent dans le capital de Wana, le 3e opérateur mobile du pays. En nombre d'annonces d'IDE, le Maghreb est en tête avec 45%, contre 33% pour le Machreck, 13% pour la Turquie et 5% pour Israël. Anima affirme qu'on assiste à un net rééquilibrage régional après l'année 2008, marquée par la prééminence de la Turquie et d'Israël, qui avaient attiré conjointement plus de 60% des montants d'IDE. Côté investisseurs enfin, l'Europe est à l'origine de la moitié des annonces de projets, les pays du Golfe sont à 30%, tandis que les Etats-Unis d'Amérique et le Canada pèsent 5%. On ne sait pas encore si l'année 2010 sera placée sous de bons augures. En tout cas, rien que dans les hydrocarbures, l'attribution de quelques marchés va engendrer un investissement de 3 milliards de dollars dont une partie sera effectivement consommée en 2010. Pour le reste le durcissement de la législation pour les investissements étrangers ne laisse pas présager un engouement des opérateurs économiques. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci,, compte néanmoins sur des négociations avec certains partenaires de l'Algérie, parmi lesquels la France et les Etats-Unis pour relancer ce dossier. Dans le monde, les investissements directs à l'étranger ont chuté de 39% en 2009 par rapport à 2008, selon une étude de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement, qui prévoit une reprise timide en 2010.