Les démons de la violence se sont réveillés dans le chaudron de Kef Hamouda, près de Berriane, daïra située à 45 km au nord du chef-lieu de wilaya de Ghardaïa. Selon nos sources, les échauffourées ont débuté mardi, vers 22h30 à proximité d'une mosquée ibadite. Les éléments du groupe d'intervention de la gendarmerie sont vite intervenus pour éviter la confrontation entre les deux camps. Ce qui a provoqué l'ire de quelques jeunes de ce quartier, reprochant aux autorités le fait que ce soient toujours eux qui se font repousser par les forces de l'ordre. De violents incidents ont alors éclaté entre les forces de sécurité et les jeunes de ce quartier populeux et populaire. Des gendarmes ont été blessés dont certains gravement à l'image de cet officier qui a perdu à jamais l'usage d'un œil, touché, semble-t-il, par un bout de métal propulsé à l'aide d'une fronde. Il a été transféré en toute urgence à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger. D'autres ont été victimes de brûlures causées par des cocktails Molotov lancés par les émeutiers. À notre arrivée sur les lieux, vers minuit, les affrontements se poursuivaient et étaient concentrés sur les hauteurs de la ville où des explosions de grenades lacrymogènes se faisaient entendre jusqu'au petit matin. Vers 9 heures, les violences se sont déplacées plus bas, dans le quartier de Boudouaia, plus précisément à Echâaba, quartier limitrophe de la RN1, que les émeutiers ont tenté de fermer à la circulation, en vain. Ce sont les forces anti-émeutes de la police nationale, en charge de la sécurisation de la route, qui les y ont empêchés au prix de multiples affrontements. Quoi que jonchée de pierres et de toutes sortes d'objets hétéroclites et de détritus déversés sur la chaussée, la route est demeurée ouverte et sécurisée. Ce n'est que vers 10 heures qu'un calme relatif, mais précaire, est revenu. La tension étant palpable chez les deux communautés qui continuent à se regarder en chiens de faïence, regroupées, et se faisant face, sur les bords de la route nationale, devenue par la force des évènements une frontière factice, tacitement acceptée par les “frères ennemis”. Plusieurs arrestations dans les deux camps ont été opérées par les services de sécurité qui refusent pour l'instant de dévoiler le nombre exact. Toutes nos tentatives pour joindre les porte-parole des deux communautés, signataires de la feuille de route, préambule à une charte de paix définitive, entre malékites et ibadites, se sont avérées vaines. Leurs mobiles étant constamment éteints, donc injoignables. Rappelons que la feuille de route, censée être le préambule à la signature d'une charte de la paix, qui scellerait définitivement la concorde retrouvée entre toutes les composantes de la ville de Berriane, a été signée le 30 mars 2009 à Ghardaïa, en présence de M. Daho Ould Kablia, ministre délégué aux collectivités locales et M. Yahia Fehim, wali de Ghardaïa. Fondée sur 15 points, cette feuille de route devait être scrupuleusement respectée et concrétisée sur le terrain par les deux parties. Ce qui n'est pas le cas et l'on est en droit de s'interroger qui sont aujourd'hui les parties qui poussent au pourrissement.