Les participants au sommet évoquent la naissance d'un nouvel ordre économique mondial. D'ores et déjà, les Britanniques veulent hisser le Sommet du G20 au rang d'événement majeur du 21e siècle. Ils rêvent qu'il soit cité dans les livres d'histoire et que les générations futures s'en souviennent comme d'un tournant décisif qui a permis de sauver l'économie mondiale de la ruine. Les invités du sommet aussi rivalisent d'attributs pour signifier aux populations de la planète qui s'inquiètent de la perte de leur emploi, de la flambée des prix et aux plus pauvres qui n'ont plus de quoi se nourrir, que le libéralisme sauvage est mort. À la clôture du sommet, le Premier Ministre britannique s'est adressé aux journalistes pour révéler le contenu des engagements pris. Selon lui, “les mesures convenues par les membres du groupe — pays industrialisés et émergents — dessinent les prémices d'un nouvel ordre économique mondial”. “Aujourd'hui, le monde s'est uni pour lutter contre la récession mondiale, pas avec des mots mais avec un plan mondial de reprise des réformes assorti d'un calendrier clair”, a révélé Gordon Brown. De son côté, le nouveau locataire de la Maison-Blanche, Barak Obama, a évoqué des “mesures sans précédent” pour relancer la croissance et empêcher qu'une nouvelle crise se produise. Son homologue français, Nicolas Sarkozy, a indiqué qu'“une page du capitalisme vient d'être tournée”. La chancelière allemande, Angela Merkel, s'est félicitée pour sa part, d'un accord qui constitue à ses yeux “un compromis historique pour une crise exceptionnelle”. Faut-il les croire ou mettre leurs paroles sur le compte d'un enthousiasme éphémère ? Très sensibles aux évènements, les Bourses européennes ont été les premières à réagir favorablement aux résolutions du sommet, en terminant leurs séances de jeudi en hausse. Selon des observateurs, les mesures prises à Londres ont suscité un grand optimisme chez les investisseurs. En quoi consistent ces décisions exactement ? Sous le triptyque “stabilité, croissance, emploi”, le Sommet du G20 s'est fixé comme objectifs la relance de la machine économique pour vaincre le chômage et l'assainissement des pratiques financières. Ce sont en tout cas les termes du communiqué final en six points, remis à la presse et dans lequel le groupe s'engage à faire le nécessaire pour “restaurer la confiance, la croissance et l'emploi, réparer le système financier pour permettre la reprise du crédit, renforcer la régulation financière pour restaurer la confiance, financer et réformer les institutions financières internationales pour surmonter cette crise et en empêcher les futures, promouvoir le commerce mondial et l'investissement et rejeter le protectionnisme et construire une reprise complète, écologique et durable”. Pour remettre la machine économique en marche, les participants au sommet ont décidé de lui injecter 1 100 milliards de dollars d'ici 2010. Ces fonds serviront, entre autres, à l'augmentation des ressources des institutions internationales, en premier lieu le Fonds monétaire international. Ses réserves passeront ainsi de 250 à 750 milliards de dollars. Le FMI est également autorisé a émettre des droits de tirage spéciaux pour 250 milliards de dollars et à vendre de l'or pour soutenir les revenus des pays pauvres. Par ailleurs, 250 milliards de dollars seront alloués à la relance des échanges mondiaux. Des banques multilatérales de développement comme la BERD recevront une allocation de 100 milliards de dollars. Au chapitre de l'assainissement des pratiques financières, une grande réforme du fonctionnement du FMI et de la Banque mondiale, jamais opérée depuis les accords de Bretton Woods est décidée. Elle consiste dans la rationalisation de l'utilisation de leurs ressources et une plus grande démocratisation dans leur fonctionnement. Dorénavant, la compétence — et non plus l'équilibre des forces entre l'Europe et l'Amérique — sera le seul critère dans le choix de ses dirigeants. La lutte contre les paradis fiscaux fait également partie des résolutions du sommet. À ce sujet, l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OCDE) a la charge de publier une liste noire de ces paradis en vue de décourager l'évasion fiscale. Enfin, la moralisation de la pratique bancaire passe, selon les membres du G20, par la révision des salaires et du système de bonus dont bénéficient les traders et les dirigeants des établissements financiers. S. L.-K.