Le wali de Blida a procédé, jeudi dernier, à une visite de chantier dans la daïra d'El Affroun, visite qui s'est élargie à un face-à-face avec des citoyens de Oued Djer, Beni Djemaâ, El Hachem, Maïef et Bouroumi, venus à sa rencontre pour vider leur cœur. Ces localités (notamment les douars relevant de la commune de Oued Djer) qui émergent et voient leur devenir s'améliorer de jour en jour à des degrés divers pâtissent, néanmoins, encore, du fait de leur situation géographique (des zones rurales isolées sur des hauteurs), d'un certain nombre de problèmes endémiques : chômage ( accru, surtout, depuis la fermeture de l'Orac de Oued Djer), manque d'eau, absence d'alimentation en gaz naturel, d'infrastructures de loisirs, de bureau de poste, de téléphone (à Maïef avec absence de réseau dans la région), crise de logement, propriétés non cadastrées… et une jeunesse oisive qui s'ennuie dans toute cette région enclavée. Les mêmes problèmes dont se sont plaints les citoyens qui attendaient, en masse, en ce jour de week-end, le wali qui sera cerné, à chaque point où il s'arrêtera avec les délégations officielles (dont le secrétaire général Moussa Ghalley) et les journalistes de Blida et d'El Affroun qui l'accompagnaient. La visite a duré 7 heures. Les citoyens de divers âges qu'il a écoutés longuement et avec lesquels il s'est entretenu avec des mots simples et sans protocole lui ont exposé tous les problèmes rendant difficile leur quotidien. Il a suivi ceux qui le lui ont demandé jusqu'à leur lieu d'habitation pour constater de visu les conditions dans lesquelles ils vivent. Pour l'un d'entre eux c'est “echta mesma ouel oued mel taht” (dessus, la pluie et dessous, l'oued) ; une image très forte pour illustrer les conditions de vie d'une famille dans une habitation de fortune – un gourbi – construite dans le lit d'un oued. “Des routes impraticables, ce qui dissuade le livreur de gaz et le détenteur de moissonneuse-batteuse de faire le déplacement jusqu'ici, pas de travail, pas de café, de téléphone, peu ou pas de transport (le fourgon qui fait la navette entre Oued Djer et ici est souvent en panne), de médecin… et nous sommes en majorité pauvres. Ceux qui travaillent à Blida et Alger sortent à 4h du matin et rentrent vers 21h… Nous sommes bien souvent contraints de parcourir le chemin à pied pour nous rendre à Ahmer El Aïn (4 km)”, nous ont confié un sexagénaire et un septuagénaire de Maïef situé à 5 km de Oued Djer et 7 d'El Affroun. Et cela, pendant qu'un exposé relatif au nouveau Pdau, pour un montant de 86 687 DA se faisait sous une pluie battante et concernant l'aménagement et le revêtement de routes, l'extension de l'éclairage public, l'alimentation en eau potable, l'amélioration foncière et le projet de construction de logements ruraux, la plantation d'oliviers, et autres projets d'élevage ovin et bovin et d'apiculture… À chaque problème soulevé dans les différentes localités et douars, le wali s'est enquis auprès des responsables locaux et membres de l'exécutif présents, des actions qu'ils ont entreprises à cet effet et des solutions qu'ils préconisent et leur a donné des instructions fermes en vue d'apporter les solutions qui s'imposent. À Maïef, (600 habitants avec le douar Hsasna) le wali qui venait de dire “restez ici, avec les 70 millions auxquels vous avez droit comme aide de l'Etat à l'habitat rural et avec les aménagements qui vont démarrer, vos conditions de vie vont s'améliorer”, ajoute, rassurant : “Je reviens, au moins une fois tous les deux mois pour m'assurer que la réalisation des projets avance.” Beni-Djemaâ, un septuagénaire habitant le douar depuis sa création comme centre de regroupement par la France coloniale a déclaré au chef de l'exécutif de wilaya : “Depuis 1958, vous êtes le seul wali à être venu nous voir ici !” Comme solution au problème de chômage qui sévit à l'état endémique dans cette région, M. Hocine Ouadah a recommandé aux jeunes du Centre de Oued Djer la formation professionnelle (qui va être dispensée sur place pour bon nombre de spécialités en plus de l'important Cfpa d'El Affroun) assurée avec une bourse de 6 000 DA. Un créneau porteur au regard des débouchés intéressants et rentables : “le médecin-généraliste attend son client (patient) éventuel au cabinet, le plombier vous donne rendez-vous dans un mois…Il nous sera plus facile de vous aider si vous avez une formation…”, a-t-il souligné. Il a aussi évoqué les facilités accordées dans le cadre de l'Angem et l'Ansej et la possibilité qu'a le demandeur de créer sa propre activité dans un local à usage professionnel comme il en a été construit à Oued Djer. Des solutions ont été trouvées sur place et des mesures prises pour leur réalisation à brève ou longue échéance (telle la régularisation des terres non cadastrées), ou soulevées pour être à l'étude : À cette allure, l'année 2009 verra une nette amélioration du cadre de vie des citoyens de ces localités pauvres et isolées. À Beni Djemaâ, des projets ont été inscrits et d'autres suggérés sur place par le wali : revêtement des ruelles, arrivée du gaz naturel, création d'une unité de soins, d'une aire de jeu, d'une recette postale. Le responsable a demandé, par ailleurs, au directeur de l'hydraulique le renforcement de l'alimentation en eau potable au moyen d'un forage, à El Affroun, pour les besoins de cette zone souffrant d'une distribution irrégulière et insuffisante. Le wali s'est montré satisfait de l'état de la polyclinique de Oued Djer et des nouveaux aménagements dont a bénéficié la structure. À ce titre, M. Houari, DSP de Blida, nous a déclaré : “Le Centre de santé de Oued Djer a été érigé en polyclinique, fin 2008, ce qui lui a permis de bénéficier d'un fauteuil dentaire, d'un appareil de radiologie, d'une ambulance et d'un laboratoire (inscrit dans l'extension du centre) dont les travaux sont en cours.” Réagissant à l'article d'un journaliste qui aurait écrit qu'à Oued Djer, “il n'y a rien !”, le wali a jugé “anormal” le fait que l'on ne reconnaisse pas que “comparativement à ce qui prévalait, durant la décennie noire, dans cette région à la sinistre réputation de coupe-gorge, à l'époque, désertée, aujourd'hui, la vie y renaît : l'Etat est là, les équipements et commodités reviennent, il y a une polyclinique où des prestations sont assurées et qui est en train de s'équiper, des logements qui n'existaient pas et qui sont en train de se construire dans le cas de l'habitat rural, il n'y avait pas le gaz et il se réalise, il n'y avait pas d'éclairage public, pas d'aménagement urbain… Un certain nombre de choses reprennent. Il faut être objectif… dire ce qui manque mais, aussi, ce qui se fait…” Plusieurs chantiers relatifs à des projets de développement ont été visités le jour même. F. Seman