Dans la traditionnelle conférence de presse qu'il anime à l'issue de chaque échéance électorale, le ministre de l'Intérieur a admis que des dépassements avaient eu lieu dans certains bureaux, mais que cela n'a nullement influé sur les résultats du scrutin. Hier, dans ses réponses aux journalistes, à l'hôtel Aurassi, Noureddine Yazid Zerhouni a rejeté en bloc les accusations, ou plutôt comme il aime à les qualifier, les allégations des cinq candidats (Louisa Hanoune, Djahid Younsi, Moussa Touati, Mohamed Saïd et Ali Fawzi Rebaïne). Il est allé plus loin en affirmant qu'aucun de ces concurrents n'a saisi ses services pour signaler des dépassements. Devant l'insistance des journalistes, le premier responsable de la sécurité du pays a fini par affirmer que certains «nous ont appelés par téléphone. Mais personne ne nous a apporté des preuves ou des faits précis. Si nous considérons la liste des bureaux de vote cités et où il y aurait eu fraude, la totalité des voix détournées ne représente qu'epsilon au vu des résultats. Même s'il y a eu des dépassements l'enjeu était de 400 voix par vote.» Et M. Zerhouni de préciser : «Nous les avons orientés vers la commission de surveillance des élections et dans tous les cas, la loi leur permet de formuler des recours au niveau du Conseil constitutionnel.» Toutefois, les journalistes présents à la conférence ont relevé une contradiction dans les déclarations du ministre. D'une part, il a déclaré que l'enjeu des voix dans les bureaux de vote où il y aurait eu fraude ne dépasse pas les 400, et d'autre part, en abordant les incidents de Naciria, il dira qu'il y avait plus de 5 000 inscrits. Des bureaux de vote ont dû être fermés. A une question de savoir si le taux de participation n'a pas été gonflé, M. Zerhouni a rétorqué : «Les observateurs qui ont assisté au déroulement des élections répondront à ma place.» Plusieurs citoyens ont été empêchés de voter car leur nom n'a pas été trouvé sur les listes alors qu'ils y étaient inscrits. Le ministre de l'Intérieur minimisera ce fait en affirmant qu'il s'agit de gens qui n'ont pas voté depuis plusieurs années. Il s'agit précisément de 30 cas que nous avons pris en charge. Cela ne constitue pas pour autant une fraude massive, si fraude il y a eu, a-t-il encore précisé. Lors de sa conférence de presse, le ministre de l'Intérieur est revenu longuement sur le bilan des deux mandats du président Bouteflika. Ce qui a suscité l'étonnement des journalistes, dont l'un d'eux lui demande qui il voulait convaincre au moment où le président candidat venait de réaliser un score de 90%. Ce à quoi le conférencier répondra : «Il ne faut pas sortir de l'Ecole polytechnique pour comprendre pourquoi les citoyens ont voté pour Bouteflika.» A propos de l'empêchement de tenir des meetings opposés aux partisans du boycott, M. Zerhouni reconnaîtra qu'il y a eu trois situations : Mascara, Sidi Bel Abbès et Tizi Ouzou. «Il se trouve que les salles étaient déjà attribuées pour les meetings des candidats.» F. A.