Dès 20 heures, les cortèges des sympathisants du candidat indépendant envahissent les rues du Vieux rocher sur fond de klaxons de voitures et de youyous déchirant la nuit constantinoise. Siège de la direction de campagne du Président sortant à Constantine, à l'entrée de l'avenue Abane-Ramdane, en face du centre culturel Mohamed-El-Laïd-El- Khalifa, quelques minutes avant la fermeture des bureaux de vote, alors que la nuit commençait à dérouler son voile noir sur la cité, on s'apprêtait déjà à fêter la victoire du candidat mais aussi des appels au vote massif. Dès 20 heures, les cortèges des sympathisants du candidat indépendant envahissent les rues du Vieux rocher sur fond de klaxons de voitures et de youyous déchirant la nuit constantinoise. Quelques heures auparavant, on était loin de ressentir cette euphorie. Les nouvelles portant un taux de participation juste de 9, 07 dans la capitale de l'Est ne réjouissaient pas. À 9h30 du matin, les bureaux de vote du centre-ville de Constantine sont presque déserts, contrairement à la tendance au niveau des centres ruraux d'Ibn Ziad, Beni Hmidane, Aïn Abid et Aïn Smara, où des longues file d'attente se sont formées dès l'ouverture des bureaux. Une demi-heure avant, dans les quelques bureaux de vote qu'on a visités au niveau de la rue Souidani-Boudjemaâ, soit les écoles ex-Didrot et El-Ghazali, on ne se bousculait pas au portillon. Certains électeurs que nous avons approchés étaient catégoriques quant à l'issu du suffrage, justifiant leur geste électoral par le devoir civique. D'autres, rencontrés dans les environs, sont des boycotteurs, mais qui disent ne répondre au mot d'ordre d'aucun parti politique, ils suivent juste leurs instits, pour reprendre leurs dires. “Que ce soit Bouteflika ou quelqu'un d'autre, cela ne faisait aucune différence, je n'ai toujours pas de travail et l'avenir s'annonce plutôt mal pour moi et pour des centaines de jeunes chômeurs”, nous lance Ahmed. Virée dans le siège de la permanence de la candidate Louisa Hanoune. “J'ai voté pour Louisa, elle est une femme, elle nous comprendra mieux”, nous a déclaré une femme âgée de 50 ans qui venait de rejoindre la permanence après avoir donné sa voix. Ici, les représentants de la candidate du Parti des travailleurs (PT) sont dépassés par les évènements. En effet, dans plusieurs bureaux, à titre d'exemple, au niveau de la commune Massoud-Boudjriou, le service de sécurité a interdit à quelques observateurs de ce parti de rejoindre leurs sièges. Nos interlocuteurs admettent que les concernés n'avaient pas de badges. Au parti de Hanoune, la logistique ne suit pas, certainement à la suite des démissions massives enregistrées la veille de cette échéance dans les rangs de sa formation à l'échelle locale. Un des observateurs nous confia qu'elle ne sait même pas comment introduire un recours. Retour à la permanence du Président sortant. On est plus détendu que le matin. “Un sondage a clairement fait ressortir la confiance inconditionnelle de la population constantinoise au candidat Abdelaziz Bouteflika”, nous dira M. Attia, le chargé de la trésorerie au sein de la direction locale de campagne du Président sortant, en milieu de journée. “En plus, l'importance des demandes spontanées d'accréditations pour l'ouverture de permanences de proximité dans des cités et des quartiers que nous avons reçues nous conforte quant à l'issue de cette élection présidentielle”, ajoute notre interlocuteur non sans une pointe d'inquiétude dans la voix, et pour cause. Comme d'habitude, dès 14 heures, la participation a commencé à battre les records avec un pic enregistré à 15 heures. “Ce sont les femmes qui nous ont sauvés. Trop occupées la matinée, elles sont sorties l'après-midi et ont voté”, nous lance Attia soulagé. À 16 heures, le taux de participation était estimé à 53%, avant d'atteindre, une heure plus tard, les 62,36%. Enfin, à la clôture des votes, l'on a enregistré un taux de participation de 69,06%. lynda nacer/ betina souheila