Annaba était comme à son accoutumée nonchalante en ce jeudi matin. N'était la présence des barrages de police et de gendarmerie filtrant la circulation sur tous les grands axes de la capitale de l'acier, rien n'indiquait que c'était un jour de vote. L'animation était par contre particulière devant les écoles et les CEM du centre-ville qui ont fait office de centres de vote et où des files d'attente, composées essentiellement de personnes âgées, s'étaient constituées dès les premières heures de la matinée. Au niveau du centre de vote n° 1 installé au sein de l'école Abane-Ramdane, il n'y avait pas grand monde au portillon. Il est vrai qu'il n'était que 9 h et les Annabis ont pour habitude de se présenter dans les centres de vote l'après-midi, notamment les femmes. Il y en avait pourtant quelques-unes à hauteur du CEM Georges-Ishak de la place Alexis-Lambert, qui ont tenu à s'acquitter de leur devoir électoral. “Je suis de la nouvelle génération et je tenais à m'exprimer à travers ce scrutin. Je veux que Bouteflika passe”, a souligné Keltoum, la trentaine, sans qu'on lui demande son intention de vote. Un avis que partage une autre jeune femme guère plus âgée qui sortait d'une des salles de classe. Le centre de vote de la vieille ville, où l'on enregistrait traditionnellement les taux de participation les plus bas de la commune de Annaba est paradoxalement bondé à 10h30 au moment où le premier taux de sondage d'un peu plus de 10% était annoncé, s'agissant de l'ensemble de la wilaya. Sur le cours de la Révolution, non loin de l'hôtel d'Orient, siège de la permanence du candidat Bouteflika, des gens sont attablés à la terrasse d'un kiosque. “J'ai accompagné un ami au centre de vote Max-Marchand, mais je ne vote pas parce qu'il n'y a pas de représentants des autres partis. Ce sont les mêmes qui gouvernent depuis 1962, ça suffit”, a protesté quant à lui Mouloud, 55 ans. “De toute façon les dés sont jetés, c'est reparti pour un tour de Bouteflika”, s'est-il indigné, À l'intérieur de la permanence du candidat sortant, craignant l'abstention massive, qui minerait la légitimité de cette élection, M. Laaskri, le directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika, était aux anges au fur et à mesure que le taux de participation a commencé à s'accroître en début d'après-midi. “Nous avons été récompensés de nos efforts. Les citoyens ont répondu comme un seul homme à notre appel en se présentant aux urnes. Les taux de participation nous classent au nombre des premières wilayas du pays avec 73,18% et il y a de quoi être fier”, nous a déclaré à 18h, M. Laaskri en compulsant la pile de télécopies qui lui avaient été transmis tout au long de cette journée particulière. Dans la permanence de la candidate Louiza Hanoune, ce jeudi a été vécu autrement. Situé à la Plaine Ouest à la cité El Abtal, le bureau permanent du PT Annaba a été cambriolé la veille. Un micro, un mégaphone et un poste cassettes ont été dérobés, et des documents déchirés. Les militants du parti ont trouvé la porte fracturée tôt le matin, et vers 9heures 30, la police scientifique était sur les lieux. Aussi, les militants ont passé la plus grande partie de la matinée dans les bureaux de la police judiciaire pour les besoins de l'enquête ouverte par la police judiciaire. Le responsable du bureau, M. Slimani Mohamed Saddek n'a voulu faire aucune déclaration en ce qui concerne le vol. “C'est la première fois que notre bureau est cambriolé, pourtant, nous n'avons rien qui puisse tenter des voleurs. Il y a une bijouterie à côté, et elle n'a rien subi”, confie-t-il.