Le procès a été une occasion pour voir plus clair dans la constitution des réseaux terroristes dans les pays arabes et dans lesquels le GSPC semble jouer un important rôle, celui de recruteur pour les autres groupes, mais aussi d'“employeur”. Depuis plusieurs années, l'Algérie se trouve confrontée au terrorisme international et le procès qui s'est déroulé il y a deux jours au tribunal d'Alger est venu le confirmer. Cependant, la sentence dont a écopé le Franco-Marocain, Akil Chraïbi, (alias Sami) semble bien légère devant les très graves accusations qui lui sont portées. Pour “appartenance à un groupe terroriste armé actif à l'intérieur et à l'extérieur du pays”, l'homme de 27 ans a écopé de 10 ans alors que le procureur général avait requis 18 ans. Il faut rappeler qu'il s'agissait d'un procès en appel, l'individu ayant été condamné initialement à 12 ans. Une réduction de deux ans qui vient poser plus de questions qu'elle n'apporte de réponses à ce cas bien particulier que représente Chraïbi, surtout qu'avant-hier sa défense a été assumée par un avocat commis d'office. Le procès a été une occasion pour voir plus clair dans la constitution des réseaux terroristes dans les pays arabes et dans lesquels le GSPC semble jouer un rôle important, celui de recruteur pour les autres groupes, mais aussi d'“employeur”. Akil Chraïbi a été arrêté à Alger, exactement le 27 décembre 2005, dans un hôtel de la capitale après avoir été filmé par les services de sécurité. L'enquête aboutira à des résultats plus qu'“intéressants” eu égard au profil de Chraïbi. Il a été ainsi accusé d'être l'initiateur d'un pont appelé “le pont de Fatima” qu'il a commencé à élaborer depuis qu'il était étudiant en électronique en France. C'est via la toile (par le site de El-Intiçar) qu'il a pu prendre contact avec le GSPC en 2003. Il tentait avant tout de rejoindre l'Irak dans l'intention de mener la “guerre sainte”. Pendant le procès, il a avoué avoir envoyé 1 000 euros pour les “combattants”. Sa présentation devant le juge a permis aussi de “suivre” son itinéraire depuis 2003. Il a ainsi rencontré un autre Marocain, un islamiste, qui l'a endoctriné pour le “transformer”. Voulant concrétiser son nouveau “statut” de membre du GSPC, il a proposé la création d'un pont nommé “pont de Fatima”. Le projet, divisé en quatre parties, consistait à faire le lien entre les groupes terroristes marocains et algériens au niveau des frontières, exactement entre Béchar et Bouarfa (Maroc). L'étape suivante devait préparer l'arrivée des terroristes marocains sur le territoire national et leur donner tous les moyens possibles. Un projet qu'il aurait mis au point avec tous les détails avant de l'envoyer en fichier à son “interlocuteur” du GSPC. En plus de ce “pont”, il devait aussi ramener avec lui des appareils de commande à distance pour les explosifs. Voulant plus d'explications, ses “acolytes” algériens lui auraient demandé de venir sur Alger. Ce qu'il fit en 2005 avant d'être arrêté. Cette “juxtaposition” entre le terrorisme marocain et algérien vient rappeler à tous que les risques sont “partagés”. Aucun pays d'Afrique du Nord n'est épargné par des actes terroristes. Salim Koudil