Alors que tout semblait bien se dérouler et converger vers une sortie de crise durable après la signature de la feuille de route par les porte-parole des deux communautés, et de représentants de l'Etat, en la personne de M. Daho Ould Kablia, ministre délégué aux Collectivités locales et Yahia Fehim, wali de Ghardaïa, voilà qu'un banal incident donne l'occasion aux pyromanes de tous bords de replonger la région dans le cycle de la violence. Depuis mardi passé, aucune journée ne s'est passée sans incidents. Il semblerait aussi que même la stratégie ait changé. En effet, c'est une espèce de tactique d'usure qui prend forme faisant courir les forces de sécurité d'une extrémité de la ville à une autre, changeant constamment de terrain de confrontation, tendant ainsi vers le pourrissement et la banalisation de la violence et de ses corollaires, les pertes humaines et matérielles. Des dizaines de blessés ont été dénombrées, selon des sources médicales. Certains ont même subi des interventions chirurgicales dans une clinique privée à Ghardaïa. Le plus grand nombre de blessés est à relever parmi les forces de l'ordre, dont un a perdu, à jamais, l'usage de la vue. Les deux quartiers d'Echouf et de Seraâf, se faisant face des côtés de la RN1, à la sortie sud vers Ghardaïa, se sont violemment affrontés à coups de pierres alors qu'à quelques centaines de mètres plus loin des cocktails molotov étaient lancés du quartier de Boudouaia vers les quartiers du cimetière des martyrs en contrebas, provoquant quelques incendies mineurs et la fermeture, encore une fois, de la RN1. Ce qui a provoqué un immense embouteillage aux deux extrémités de la ville. Soulignons la noble et magnifique mobilisation des jeunes des quartiers de Seraâf, centre-ville et Ferhout qui ont permis à des centaines de véhicules légers de s'en sortir de ce bourbier en leur faisant contourner la RN1, par la rue Baslimane- Brahim-Lemnouar, la rue de l'indépendance, Ferhout, leurs palmeraies privées, les faisant ainsi déboucher en toute sécurité sur le pont d'Oued Ballouh pour ceux partant pour le nord du pays et sur le grand carrefour pour ceux prenant la route du Sud. Jeudi soir, des véhicules empruntant la route nationale ont été endommagés par des jets de pierres provenant des hauteurs de la ville avant que des affrontements entre les forces de l'ordre et des jeunes éclatent dans le quartier populaire de Kef Hammouda. Des dizaines de grenades lacrymogènes ont été tirées par les forces de sécurité. Hier et à l'heure où nous mettions sous presse, et alors que le wali de Ghardaïa, M. Yahia Fehim, s'entretenait au siège de la daïra de Berriane avec les porte-parole des deux communautés pour un retour rapide au calme, et dès la sortie des mosquées, la violence a dégénéré en plein centre-ville, à deux pas du tribunal et à quelques mètres de la brigade de gendarmerie, de violents accrochages entre les deux communautés ont éclatés à proximité de la mosquée El-Boukhari. Les islamistes ont-ils trouvé un nouveau moyen de pourrir la situation ? L. KACHEMAD