L'actuel directeur technique national, M. Rabah Saâdane, a été officiellement contacté par le président de la FAF, M. Raouraoua, pour prendre en charge l'EN. C'est lui-même qui le révèle dans cet entretien et il se déclare prêt à accepter le poste pour peu que les moyens suivent. Et si la solution était finalement algérienne, surtout que les techniciens étrangers approchés ont été exigeants sur le plan financier ? Liberté : M. Saâdane, votre nom a été cité comme l'un des éventuels successeurs de Georges Leekens à la tête de la sélection nationale. Il paraîtrait même que le président de la Fédération, M. Raouraoua vous a fait une “offre”. Qu'en pensez-vous ? M. Rabah Saâdane : Il est normal qu'après la démission officielle de M. Georges Leekens, la fédération pense rapidement à faire une prospection en vue du recrutement d'un entraîneur pour l'EN A. La direction technique nationale que je représente a été informée de cette démarche par le président, M. Raouraoua. Des noms sont cités ça et là et, pour ma part, j'ai lu dans votre édition d'aujourd'hui (hier NDLR) que je serais appelé à diriger l'équipe nationale. Pour ne rien vous cacher, puisque vous avez l'air d'être informé, le président de la FAF, M. Mohamed Raouraoua m'a effectivement appelé de Paris pour me demander de réfléchir à la question si je pouvais prendre en main l'EN. Raouraoua a lancé une idée sur laquelle je dois réfléchir et surtout dont nous avons convenu de discuter à son retour de France. Et alors ? Franchement, je ne sais quoi vous répondre. Je suis en train de réfléchir à la proposition de M. Raouraoua qui m'honore beaucoup, surtout venant d'un homme avec qui je partage beaucoup de convictions. Je dois vous dire que contrairement aux autres fois où l'on m'a sollicité pour ce poste, cette fois-ci je ne suis pas tenté de dire non tout de suite. L'Algérie, c'est mon pays et c'est un devoir pour moi d'aider toutes les personnes qui font des mains et des pieds pour sortir le football algérien de sa torpeur à travers une réorganisation profonde. C'est pour ça que je dis que je suis ouvert à toute discussion avec des hommes qui placent l'intérêt du pays avant tout. Autrement dit, vous êtes prêt à accepter le challenge proposé par Raouraoua ? Pourquoi pas ? Si des conditions de travail adéquates me sont offertes, je suis prêt à prendre en charge cette équipe nationale. Seulement, il y a la nécessité de valoriser les compétences algériennes et leur offrir les moyens nécessaires. Nous ne sommes pas cupides au point de demander la lune ou d'être aligné sur les revenus des techniciens étrangers, mais il faut savoir rendre à César ce qui appartient à César. Quand je parle de conditions de travail, je fais allusion à un contrat établi en bonne et due forme avec la Fédération et le respect d'un programme de préparation établi. Est-ce que vous vous avez fixé avec Raouraoua une échéance pour trancher la question ? Non, nous sommes encore à l'étape de la réflexion. Il faut savoir se donner le temps nécessaire pour prendre les bonnes décisions. Mais il paraîtrait que M. Raouraoua vous a déjà demandé de faire le déplacement au Tchad... M. Raouraoua m'a demandé de faire ce déplacement au Tchad, il y a de cela quelques jours. Je ne pense pas qu'il y ait une relation directe avec la démission de Leekens. Certaines informations font état d'une proposition mirobolante des pays du Golfe (salaire de 20 000 $) ce qui vous laisse hésitant vis-à-vis de l'EN ? Il est vrai que j'ai effectivement une proposition alléchante de l'étranger, sans doute la meilleure que j'aie eue de ma carrière d'entraîneur, mais cela ne vaut rien devant l'appel de mon pays. Mon souhait surtout est de servir mon pays et de travailler ici pour apporter ma modeste contribution au processus de redressement du football algérien. Quand il s'agit de l'Algérie, je n'hésite pas. Seulement, je suis en droit d'exiger des conditions de travail adéquates. M. Saâdane, la CAN 2004, c'est dans six mois. Pensez-vous avoir le temps de bâtir une équipe capable de faire bonne figure ? Le problème dans ce pays, c'est que les gens veulent bâtir et avoir des résultats en même temps. C'est un dilemme. Cela crée une pression énorme sur les joueurs et il n'y a qu'à voir la prestation de l'EN face à la Namibie, pour s'en rendre compte. Notre sélection nationale est jeune et a besoin de mûrir. Il faut lui laisser le temps nécessaire pour acquérir une certaine expérience qui fait la différence en compétition officielle. La presse, à ce titre, doit faire son travail de sensibilisation et admettre que l'on ne peut pas bâtir une grande équipe en quelques mois. Il faut se mettre au travail et ce, dès les jeunes catégories et espérer récolter les fruits dans un avenir proche. C'est un discours plutôt décourageant pour la CAN 2004... Ecoutez, moi je ne veux pas mentir aux Algériens ; nul n'a la baguette magique.Et de toutes les façons, les Algériens savent que notre EN est pour le moment en rodage. Cependant, on peut, d'ici la CAN 2004, créer une dynamique et offrir à l'Algérie les moyens de redémarrer, en perspective des éliminatoires du Mondial 2006, qui reste notre objectif. S. B.