La galerie Racim, avenue Pasteur à Alger, a abrité, samedi passé, le vernissage du plasticien Mostafa Negache, une exposition qui s'étalera jusqu'au 21 du mois en cours. Un nom qui signifie littéralement dans la langue arabe “celui qui orne”. Une définition très évocatrice car les tableaux exposés ornaient les murs blancs de la galerie et leur insufflaient une vie, une âme. Ce qui attire le regard en premier lieu, c'est cette mosaïque de couleurs, tellement écarlate, tellement vive, qu'elle happe l'attention. Les couleurs de l'arc-en-ciel sont présentes, se côtoient sans encombre, sans débordement, comme c'est le cas avec le tableau intitulé Jour de printemps. En fait, dans tous les tableaux, les couleurs sont nuancées, agencées avec une harmonie telle que chacune d'elles épouse l'autre tout en gardant les limites qui font que toutes les couleurs choisies, et elles sont nombreuses, se caressent, se taquinent… Mais celle qui y est récurrente, c'est bien le bleu : “C'est le ciel et la mer !” Placée sous le thème “La femme, clé du bonheur de l'homme”, cette exposition s'inscrit dans le courant impressionniste, version Mostefa Negache, car son art ou son style se situe entre l'art naïf africain et l'influence cubiste. On remarque aussi ce mélange ou plutôt ce mariage de tons chauds et froids. C'est ce qui ressort dans le tableau Souvenir où les nuances du bleu font bon ménage avec les tonalités chaudes du sable… Dans cette exposition, l'élément souvenir est omniprésent et ce, à travers la femme, l'Algérienne dans toute sa splendeur, chargée de symboles référant à notre riche culture, la femme dévoilant son charme, sa beauté, son charisme tout en restant pudique. Il y a aussi des clins d'œil comme celui à la mère. Sa mère ? Ma mère ? Ta mère ? Ou tout simplement la mère avec tout ce qu'elle véhicule comme symbolique, mais surtout d'histoire, cette femme conservatrice, gardienne des traditions… Jouant sur la composition de couleurs, Mostefa Negache aborde des thèmes très particuliers comme celui de l'attachement. Ce lien, dans le sens le plus vaste, qui le lie, qui nous lie à la société, au chez-soi, à la vie, aux racines… Sont aussi présentes, voire représentées, les saisons : le printemps et l'été ; deux saisons révélatrices, où il fait bon vivre, durant lesquelles l'homme est en harmonie avec son élément cosmique, avec cette terre nourricière où la nature est flamboyante, belle, rehaussée de couleurs. L'autre élément, ou thème récurrent, est celui de la nuit, ce moment ô combien important car salvateur, mais aussi terreau de la créativité. La Nuit est représentée par des traits épurés sous forme de silhouette sans forme précise, à croire que ce n'est que l'accentuation d'une esquisse. Gorgé de symboles, chaque tableau raconte une histoire. Chaque tableau véhicule une histoire, son histoire à lui (le plasticien), celle de sa société, celle de son entourage ! “Chaque tableau est un enfant pour moi, il grandit, il vieillit”, nous dira l'artiste peintre.