L'écrivain algérien le plus célèbre, le plus lu et le plus traduit au monde, Yasmina Khadra, a animé jeudi après-midi, à l'hôtel Royal à Oran, une conférence-débat autour de son roman, Ce que le jour doit à la nuit, qui a connu un franc succès dès sa sortie en France, recevant ainsi le Prix France-Télévision 2008, et qui a également été sacré roman de l'année par le magazine littéraire français Lire. Face à un public nombreux et conquis, Yasmina Khadra est revenu sur l'idée de ce roman, sur sa littérature de manière générale et a répondu aux différentes questions des intervenants. Ce que le jour doit à la nuit offre à Yasmina Khadra une deuxième vie littéraire. Différent de ce qu'écrivait l'auteur auparavant, ce roman est limpide, fluide et débarrassé de la charge de la violence et de l'horreur. En effet, Ce que le jour doit à la nuit c'est d'abord et avant tout une histoire d'amour. L'histoire intervient, mais elle est en toile de fond ; l'histoire trouble les belles amours des personnages et les bouscule, mais à aucun moment, elle ne prend le dessus. Dans cette rencontre, Yasmina Khadra est revenu sur l'idée du roman. “L'idée me trottait dans la tête depuis 1982, lorsque j'ai acheté ma première voiture et à bord de laquelle j'ai sillonné l'Oranie. Je suis tombé par hasard sur le village d'El Maleh” (appelé autrefois Rio Salado situé à 58 km d'Oran). Attablé à la terrasse d'un café, subjugué par sa beauté, Mohamed Moulessehoul alias Yasmina Khadra pense à écrire un roman sur ce village. Mais en 1982 et en raison de ses responsabilités et son engagement dans l'armée, Yasmina Khadra a attendu. “Je ne me sentais pas encore prêt”, déclare-t-il. Et même lorsque sa carrière a explosé, il ne se sentait pas encore prêt. Après avoir fait le ménage dans sa tête et exprimé tous les questionnements ou presque qui l'habitaient (révéler sa véritable identité, écrire sur le problème mondial de la diabolisation de l'arabo-musulman…), Yasmina Khadra a voulu parler d'amour. Et l'amour a donné à Yasmina Khadra des ailes puisqu'il a accédé à une sérénité méconnue auparavant. Dans sa conférence, il a également évoqué l'adaptation cinématographique de Ce que le jour doit à la nuit. En effet, Alexandre Arcady a acheté les droits de ce roman et il est actuellement à Oran pour des repérages, notamment au village d'El Maleh. L'écrivain a également évoqué son écriture et cette possibilité qu'offre la littérature de réinventer le monde : À chaque roman, “je crée un monde ; je suis le maître”. Il a aussi parlé des potentialités immenses que renferme l'Algérie. Il a dit croire en l'Algérien. Fidèle à sa réputation et à son personnage, il s'est montré parfois sec et tranchant mais il a été sincère, disponible et patient. Suite à cette rencontre, Yasmina Khadra a procédé à une vente-dédicace avant de filer tout droit au Théâtre régional d'Oran pour assister à la représentation générale de l'adaptation de son roman l'Attentat.