Il était une fois, un militaire romain qui luttait contre un ogre et a pu le terrasser. Le sang qui a coulé a donné naissance à une roseraie. San Jordy cueillit une rose et l'offrit à sa bien-aimée. En retour, cette dernière lui donna un livre. C'est à partir de cette légende que les Catalans instaurèrent cette tradition, chaque 23 avril, car cette date correspond à la fête de San Jordy (saint George), et de ce fait, les libraires de cette région d'Espagne offrent une rose pour tout livre acheté. Par ailleurs, et depuis 1995, c'est devenu “la Journée mondiale du livre” grâce à l'Unesco qui voit en cette “tradition” une manifestation culturelle et livresque d'envergure. L'Unesco a gardé la même date car elle correspond au décès de Shakespeare et Cervantès. Donc, chaque année et à la même date, une caravane du livre sillonne une à deux capitales à travers le monde. Et cette année, c'est Alger qui devait l'abriter. Cependant, deux jours avant le lancement de la manifestation en question (elle devait se dérouler à la place Lénine, en face de la Grande-Poste), les organisateurs ont appris que faute d'autorisation de la wilaya, la “Journée mondiale du livre” ne pouvait avoir lieu. Ne s'avouant pas vaincu, Sid Ali Sekhri, éditeur et libraire, l'a maintenue. “Je ne voulais pas l'annuler, et je l'ai organisée dans mes 40 m2. J'ai acheté 80 roses pour les offrir pour chaque recueil de poésie acheté (…) J'ai même procédé à une remise de 10% pour chaque ouvrage acheté.” Jeudi dernier, dès 10h et jusqu'à la fin de l'après-midi, la librairie Mille-Feuilles a vu l'affluence des amoureux de la poésie, du roman et du livre, en général, au point où “nous avons été en rupture de stock de roses”, dira, avec humour M. Sekhri. A partir de 14h, les lieux se sont transformés en tribune, où chaque personne présente pouvait, si l'envie la prenait, de lire un texte au choix (connu, inconnu ou personnel). L'espace de cette librairie s'est avéré trop étroit pour contenir tous les présents (une majorité féminine) qui ont voulu chacun à sa manière s'exprimer, certains par un texte, certains par un cri, une manière de se solidariser avec le livre ! À signaler que c'est Tunis qui a abrité, jeudi passé, la Journée mondiale du livre, quand Alger a fait défection .