Vingt-trois militaires américains ont été tués par “des tirs ennemis” depuis la fin de la guerre en Irak proclamée le 1er mai dernier par George W. Bush. Le Pentagone a dépêché cinq experts indépendants pour faire une évaluation de l'après-guerre. L'inquiétude commence à gagner les responsables américains devant la multiplication, ces derniers jours, des attentats contre les soldats de la coalition, en général, et US, en particulier. La stabilisation de l'Irak de l'après-guerre ne s'annonce pas de tout repos pour le département d'Etat. Par la voix de son secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Washington reconnaît qu'il lui faut davantage de troupes pendant plusieurs mois. Colin Powell admet que “bien que les combats majeurs soient terminés, nous nous sommes toujours attendus à ce genre de problèmes résiduels de fidayine, de membres du parti Baâth, de vieux supporters de Saddam et d'autres cherchant à semer le trouble et qu'il nous faudra régler cela”, avant d'ajouter : “j'espère que les Américains feront preuve de patience et de compréhension de la situation.” Ces déclarations montrent que la recrudescence des attaques anti-américaines donne du souci aux hauts responsables des Etats-Unis. Depuis le début de la guerre, le 20 mars dernier, 198 militaires américains ont été tués. 134 d'entre eux ont perdu la vie à la suite de “tirs ennemis” et 64 dans des accidents ou circonstances non liées au combat. Devant cet état de fait, le Pentagone a décidé de dépêcher un groupe de cinq experts indépendants pour faire le point et fournir au secrétaire d'Etat à la défense, Donald Rumsfeld, et à l'administrateur en chef américain, Paul Bremer, une évaluation de l'après-guerre. Ceci intervient au moment où le doute persiste sur les motifs invoqués, liens entre Saddam Hussein et Al-Qaïda et l'existence d'armes de destruction massive par Washington pour user de la force contre l'Irak. L'absence de preuves, près de quatre mois après le déclenchement de la guerre, alimente la polémique dans les milieux politiques aux Etats-Unis. Dans ce contexte, des parlementaires démocrates américains ont décidé d'ouvrir une enquête sur une possible manipulation des services de renseignement au sujet des armes de destruction massive en Irak. L'opération est dirigée par le sénateur démocrate Carl Levin, qui a affirmé travailler en collaboration avec la commission des forces armées du sénat, présidée par le républicain John Warner. La grogne croissante des Irakiens trouverait son explication, selon les témoignages en provenance d'Irak, dans l'insécurité et surtout les méthodes policières brusques des militaires américains au cours de leurs opérations de rétablissement de la sécurité. Leur volonté de fouiller les femmes dans les barrages exaspère les Irakiens, nullement disposés à accepter ce genre de comportements jugés humiliants. En réaction à ces pratiques, auxquelles s'ajoute le rejet “naturel” de l'Irakien de toute occupation étrangère, des actions anti-américaines armées sont régulièrement menées contre les forces US. Circonscrits au début à Bagdad et Falloudjah uniquement, les attentats s'étendent maintenant à d'autres régions du pays, y compris au Sud. Des soucis en perspective pour George W. Bush, dont l'expédition irakienne, prévue de courte durée, prend des proportions démesurées. K. A.