Ni pause ni trêve dans la guerre en Irak, où trois soldats britanniques et trois américains ont été tués jeudi. Dans le même temps, l'aviation américaine a multiplié ses raids sur Falloujah, alors que le président américain George W. Bush n'a laissé entrevoir aucun changement de cap concernant l'Irak, au lendemain de sa réélection. Moins de dix jours après avoir commencé à s'installer à une vingtaine de kilomètres au sud de Baghdad, le régiment britannique des Black Watch a déploré, jeudi dernier, ses trois premiers morts au combat, ce qui constitue une nouvelle source d'embarras pour le Premier ministre Tony Blair, qui doit faire face à une opinion publique hostile à ce redéploiement. Il est « improbable » que de nouvelles troupes britanniques soient redéployées au sud de Baghdad après la fin de la mission des Black Watch, a déclaré hier matin son ministre de la Défense Geoff Hoon, au lendemain de cette attaque. Aucune « garantie » ne peut toutefois être apportée sur ce point face à « une situation évoluant rapidement », a-t-il précisé. M. Hoon avait déclaré mardi que le Black Watch serait de retour sous 30 jours à sa base dans le sud de l'Irak, dans une zone infiniment moins dangereuse que celle, près de Mahmoudiyah, où il a pris mardi la relève d'une unité américaine devant participer à un prochain assaut sur Falloujah. Stationné dans le sud de l'Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003, le Black Watch s'était mis en route le 27 octobre. Il avait achevé mardi son installation au camp Dogwood, à l'ouest de la ville rebelle de Mahmoudiyah, située à une vingtaine de kilomètres au sud de Baghdad dans une zone sunnite réputée très dangereuse. L'armée britannique, dont 8500 membres sont actuellement stationnés en Irak, a été jusqu'à présent relativement épargnée par les combats avec 73 décès. De son côté, l'armée américaine a perdu trois soldats jeudi, dans la province occidentale d'Al Anbar. Ces décès portent à 1121 le nombre de soldats américains morts en Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003, selon les chiffres du Pentagone. Ce qui n'a pas empêché hier M. Geoff Hoon d'affirmer que l'Irak « est plus sûr » depuis l'invasion du pays en mars 2003. Il a par ailleurs, contesté l'évaluation indépendante faisant état d'un surcroît de 100 000 décès en dix-huit mois dans le pays. Il a évoqué une « extrapolation » de situations locales, qui ne serait « pas juste ». Mais il se garde toutefois de situer au moins le bilan des victimes irakiennes, car il en meurt tous les jours, et pas seulement ceux qu'on désigne communément comme rebelles, car avec la description qui en est faite, tous les Irakiens le seraient en définitive. Comme ces deux enfants tués jeudi à Moqtadiyah (100 km au nord-est de Baghdad) et quatre personnes blessées par un obus de mortier tombé sur leur maison. Mais en tout état de cause, les Irakiens retiennent leur souffle, et craignent un véritable bain de sang à Falloujah qui refuse de se soumettre, encore plus accepter l'ultimatum du premier ministre Iyyad Allaoui qui serait prêt à raser la ville. En effet, l'armée américaine a annoncé hier que son aviation avait détruit des fortifications et des caches d'armes des rebelles à Falloujah (50 km à l'ouest de Baghdad), au cours de cinq raids menés de jeudi après-midi jusque dans la nuit. Là bien entendu n'est que la version très officielle de l'armée américaine devenue récurrente et sans effet, puisque revenant avec les mêmes termes même si à l'évidence, ils sont caducs. Cible quasi quotidienne de raids aériens américains, Falloujah est soupçonnée d'être le quartier général du réseau de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui, ennemi numéro un des Etats-Unis et responsable, selon eux, de la plupart des attentats et des enlèvements d'étrangers en Irak. Ce qui reste à prouver bien entendu, car les rapports américains incitent plutôt à la réserve. L'armée américaine a resserré depuis le 14 octobre son étau autour de cette ville, en y déployant un millier de soldats soutenus par des unités de la garde nationale irakienne, en vue de lancer un assaut qui paraît imminent après la réélection du président américain George W. Bush. Jeudi, lors de sa première conférence de presse depuis sa victoire, celui-ci n'a exprimé aucun remords sur la guerre d'Irak, malgré l'absence d'armes de destruction massive que le régime de Saddam Hussein était censé détenir, argument qui avait été présenté comme la principale justification du conflit. « Quand il parle, le président américain a plutôt intérêt à faire ce qu'il dit », a simplement dit M. Bush, qui n'a pas laissé entrevoir de changement de cap ni de possibles concessions pour gagner davantage de soutien sur la scène internationale concernant l'Irak. Le message est clair et il s'adresse aussi également aux Américains qui ont cru le retenir sur cette question avec les pertes américaines. La guerre sera poursuivie sans le moindre état d'âme.