Diabolisé par tous les gouvernements qui se sont succédé, le transfert pour soins à l'étranger n'est certes plus de mise aujourd'hui, mais cela s'est fait sans préparation aucune, ni alternative. Du jour au lendemain, les 5 centres anticancéreux existants (Alger, Blida, Oran, Constantine et Annaba), se retrouvent submergés par un nombre sans cesse croissant de malades. Selon des chiffres annoncés par des cancérologues, chaque année 40 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués en Algérie. Les responsables politiques ont pris le problème à bras-le-corps et ont programmé la réalisation de 17 centres anticancéreux répartis sur tout le territoire, mais en attendant leur réception, les patients sont confrontés au problème de places dans les services opérationnels qui sont aujourd'hui carrément saturés, surtout en ce qui concerne la radiothérapie. “Le service de radiothérapie du centre Pierre-et-Marie-Curie dispose de 4 appareils de radiothérapie. Chaque jour, nous recevons 200 malades. Le service est ouvert de 6 heures jusqu'à 22 heures. Malgré tous nos efforts, nous sommes aujourd'hui confrontés à un problème de moyens, mais nous ne laissons pas pour autant les malades livrés à eux-mêmes. En moyenne, le délai pour un rendez-vous en radiothérapie est de 3 mois. Ce même délai est observé dans les plus grands centres anticancéreux européens”, déclare le Pr Affiane, chef de service de radiothérapie au centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) d'Alger. Le même praticien rappelle que les 17 centres qui seront réceptionnés permettront aux malades d'avoir accès aux soins sans avoir à faire des centaines de kilomètres. “Ils sont rares les pays émergents qui ont consenti autant d'efforts pour la prise en charge des cancéreux. Ces 17 nouveaux centres ont nécessité un budget d'un milliard de dollars”, ajoute le même interlocuteur. Il tient à rassurer les malades en rappelant que les appareils existent et que les médicaments sont disponibles. Pour leur part, les malades et leurs parents se montrent très inquiets devant le manque de places dans les structures dédiées au cancer. Des patients affirment que dans certains cas les délais de rendez-vous peuvent atteindre les 12 mois. Devant cette situation, une séance de travail a été tenue la semaine dernière au siège du département de la santé. Lors de cette réunion, à laquelle ont été conviés les responsables des centres anticancéreux algériens, un état des lieux a été dressé et des mesures d'urgence ont été arrêtées, surtout en ce qui concerne la disponibilité des drogues de chimiothérapie. Pour leur part, des malades affichent leur volonté de créer une organisation exclusivement composée de cancéreux pour devenir l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. La création d'une telle association est le souhait des cancérologues qui s'étonnent eux-mêmes de la prolifération d'associations d'aide aux malades. Les cancérologues encouragent les malades à créer une association de malades pour devenir un partenaire à part entière. Les mêmes praticiens tiennent à rappeler que le cancer n'est plus une maladie incurable, puisque de plus en plus de malades en sont guéris. D. A.