Des sanctions draconiennes seront prévues dans les futurs textes, en phase d'élaboration, contre les personnes récalcitrantes. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, a annoncé, hier, la préparation d'une nouvelle législation antitabac qui serait plus sévère que celle déjà en vigueur et qui n'est d'ailleurs pas respectée. Citant l'exemple français, largement médiatisé en ce début d'année, le ministre envisage cette future loi comme étant une mesure supplémentaire dans le cadre du programme national de lutte contre le tabac dans les lieux publics. Il précisera de plus que “le nouveau texte en phase d'élaboration prévoit des sanctions plus contraignantes pour les récalcitrants”. Amar Tou, qui a présidé hier au siège de son ministère la journée de présentation du bilan 2007 du programme de développement des greffes d'organes et de tissus, ainsi que les perspectives du programme 2008, a profité de cette occasion pour faire cette annonce, peut-être une façon de préparer le terrain à ce qui représenterait un véritable bouleversement dans une société où la cigarette est un poison admis, jusqu'aux salles de cours en passant par tous les lieux publics. Au cours de cette journée consacrée au bilan des transplantations d'organes, le ministre s'en est ouvertement pris aux hôpitaux de Sétif et Batna qui, selon lui, n'ont pas respecté leurs engagements en la matière. “Aujourd'hui, nous faisons le bilan des transplantations réalisées en 2007, Sétif et Batna, n'ayant pas respecté leurs engagements en la matière, ne sont donc pas présents. Ils n'ont aucun bilan à présenter, c'est donc normal de ne pas les inviter, ils sont punis puisqu'ils sont les derniers de la classe”. C'est en ces termes qu'Amar Tou a choisi de déclarer ouverte cette journée de bilan. Un peu plus d'un an après que le ministre eut annoncé la relance des greffes d'organes en Algérie, et qui avait pour but de réduire les transferts pour soins à l'étranger, l'heure est aux chiffres. S'agissant des greffes rénales, il faut savoir qu'il existe douze centres proposant ce service à travers tout le pays. Il s'agit des CHU Mustapha-Pacha, Hussein-Dey, Béni-Messous, Bab El-Oued, Tizi Ouzou, Oran, Annaba, SBA, Tlemcen et Blida auxquels s'ajoutent les EHS Drs M. A-Maouche et Daksi. Le nombre de transplantations réalisées au cours de l'année 2007 s'élève à 116 réalisations. Ceci étant, les prévisions du ministère étaient estimées à 185 interventions chirurgicales. Ce qui implique un taux de réalisation de 62,36%. Quant à la transplantation de cornées, ce service est disponible dans neuf centres hospitaliers. Il s'agit des CHU Mustapha-Pacha, Hussein-Dey, Béni-Messous, Bab El-Oued, Tizi Ouzou, Annaba, SBA, Blida et de l'EHS Oran. Alors que les prévisions du ministère étaient de l'ordre de 395 interventions, les réalisations sont de 484 actes chirurgicaux, les dépassant ainsi largement, enregistrant un taux de 122,53%. Un exploit dont se félicitent les représentants du secteur. Cette réussite a également touché les greffes de moelle osseuse, enregistrant un taux de 124,16%, soit 149 interventions sur les 120 prévues lors de l'élaboration du programme de relance de la greffe. Cependant, la transplantation hépatique, à savoir la greffe du foie, n'a pas connu le même succès. Cette dernière n'ayant enregistré qu'un taux de 33,33%, soit trois opérations sur les neuf prévues au départ. Néanmoins, pour améliorer ce score, il est prévu d'étendre cette activité aux deux CHU de SBA et Annaba. Et pour remédier à la surdité, les implantations cochléaires sont effectuées dans neuf centres hospitaliers, à savoir les CHU Mustapha-Pacha, Béni-Messous, Bab El-Oued, Annaba, Blida, Oran, Constantine, Tlemcen et l'EPH Kouba. Ainsi, sur une prévision de 265 opérations, ce sont seulement 131 interventions qui ont été pratiquées. Face au succès de ce programme, la demande en soins a fortement augmenté, mais en attendant de créer une agence nationale des greffes d'organes, ce qui faciliterait l'organisation des transplantations au sein d'un réseau national, seuls les différents comités contrôlent ces opérations. À ce sujet, le ministre rappellera que ce manque d'organisation est dû à une sous-estimation des résultats obtenus. “Si nous manquons d'organisation, c'est parce que nous avons été surpris par ce que nous avons pu accomplir. L'année dernière, le débat portait encore sur la faisabilité des greffes”, dira le ministre vraisemblablement satisfait et optimiste quant à l'évolution dans le domaine des transplantations. Ceci dit, le ministre a tenu à évoquer le volet des prélèvements d'organes sur cadavres. Amar Tou a plaidé pour la sensibilisation des citoyens sur l'importance de faire don de leurs organes pour constituer une banque d'organes et contribuer ainsi à la réduction des longues listes d'attente des malades. Par ailleurs, il est enregistré une nette réduction du nombre de malades transférés à l'étranger. Lors de l'élaboration du programme de relance des greffes qui visait à réduire les transferts et prises en charge pour les soins à l'étranger, des prévisions de réduction ont été établies. Par exemple, concernant les pathologies de neurochirurgie, la réduction prévue était de -20%. Cette pathologie présente de toute évidence des difficultés pour les services sanitaires algériens puisqu'il n'a pas été possible de réduire les transferts des malades vers l'étranger. Bien au contraire, il y a eu une augmentation estimée à 37,9%. Quant à l'ophtalmologie, pour laquelle les prévisions de réduction ont été fixées à -30%, le résultat s'est avéré probant puisqu'il y a eu en fait une réduction de -47,6%, ce qui représente une réussite, notamment grâce à la part du secteur privé. À ce sujet, le ministre a été clair : “Je ne fais pas de différence entre les uns et les autres, l'objectif est de réduire les prises en charge vers l'étranger. Le secteur privé est au même niveau d'obligation et d'attribution que le secteur public. D'ailleurs, il est prévu une réunion avec les représentants du secteur privé et ceux de la Sécurité sociale afin de mettre en place des mécanismes qui permettraient de prendre en charge davantage de malades”, a-t-il conclu. Amina Hadjiat