“Le problème du Sahara occidental n'est pas un problème de décolonisation. En disant que c'est un problème de décolonisation, on oblige les Sahraouis à dire s'ils sont pour l'indépendance. C'est une aberration ! Concernant ce dossier, une fois l'Espagne sortie du territoire, les Sahraouis sont indépendants de fait. Par contre, il y a une occupation (marocaine) pure et simple, et l'occupant doit quitter le territoire sahraoui. C'est aux Sahraouis de décider s'ils veulent ou non d'un référendum.” Ces propos ont été tenus, hier, au Centre de presse El Moudjahid (Alger), par le professeur et juriste Mohand Issad. Participant à la rencontre consacrée à “la justice internationale et sa capacité à être à la hauteur des enjeux”, ce dernier n'a pas eu le temps d'aller au fond des choses sur ce sujet, mais un des animateurs de la conférence, le juriste Souilah Boudjemaâ, insistera, lors du débat, sur le fait que “les problèmes du colonialisme ne sont pas encore réglés” et que “l'occupation engendre le colonialisme”. On retiendra que Me Issad s'est également distingué hier, en rejetant toute idée de justice internationale de “deux poids deux mesures”. “Il n'y a pas de justice internationale. Il y a une justice européenne à usage international, depuis Nuremberg”, a-t-il déclaré. L'ex-président de la commission d'enquête sur les évènements de Kabylie de 2001 se fondait certainement sur le premier tribunal, qualifié d'international, qui se déroula à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à Nuremberg (Allemagne), pour juger les principaux dirigeants hitlériens. Composé de magistrats représentant les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS et la France, le procès de Nuremberg avait affirmé, à l'époque, juger au nom de la conscience universelle et fait reconnaître juridiquement les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. À la suite de ce procès, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté, en 1948, une convention pour prévenir et punir le crime de génocide. Mais, ce n'est qu'en 1964 que les crimes contre l'humanité avaient été décrétés imprescriptibles. “Je me félicite d'une justice internationale qui constitue une hantise pour les bourreaux, même si elle n'est pas encore internationale. Mais il faut se secouer”, a soutenu Me Issad, en interpellant les dirigeants des pays arabes. L'avocat Miloud Brahimi a, pour sa part, estimé que la justice internationale, même si elle reste “l'expression d'un rapport de force a le mérite d'exister”. Contrairement à Mohand Issad, Me Brahimi est convaincu que la justice internationale est, actuellement, une justice à deux vitesses, qui demeure silencieuse sur certains conflits dans le monde, ainsi que sur des crimes commis par des Etats contre des peuples. “Vive la justice pénale internationale, mais elle fonctionne très mal”, a-t-il affirmé, en notant l'absence, au niveau de l'ONU, de définitions sur “les crimes d'agression” et “les crimes des terroristes”. Plus loin, l'avocat dira, en parlant des crimes du 8 Mai 1945, que “l'Algérie n'a toujours pas introduit les crimes contre l'humanité dans sa législation ni défini le crime de guerre”. “Au lieu d'aller vers l'adhésion au niveau des juridictions internationales, on essaie de trouver toutes les formes possibles pour nous recroqueviller”, a déploré Me Brahimi, avant de constater : “C'est le développement international qui peut nous guider vers le développement national.”