La société civile annabie a été invitée, avant-hier, par le wali de Annaba, lors d'une rencontre organisée au palais de la culture Mohamed-Boudiaf, à vider son sac, à exorciser les démons qui ne cessent, depuis quelques semaines, à pousser à la révolte de la rue les populations de la localité. Tous ceux qui étaient concernés de près ou de loin par le quotidien des citoyens annabis étaient présents, tels le P/APW, les chefs de daïra, les P/APC, les directeurs de l'exécutif, les DG d'entreprises, les banquiers, les responsables des dispositifs de l'emploi… La colère des citoyens, représentés par les comités de quartier et les associations, était à son comble. Elus, certains services publics comme la Sonelgaz et les P et T étaient la cible de l'ire de ces délégués dans une messe générale. Auparavant, avant de donner la parole aux délégués des citoyens, le wali devait longuement s'étaler sur la nécessité d'une réconciliation entre certains P/APC et les autres élus, qui doivent mettre une croix sur leurs différends et s'occuper des problèmes des citoyens qui les ont élus. “Le fossé s'agrandit entre certains P/APC et certains de leurs membres, ce qui se répercute de façon négative sur le quotidien des contribuables”, fera-t-il remarquer. D'un autre côté, il devait révéler que certains élus, qui ne s'entendent pas avec leur président, étaient à l'origine de la vague de protestations, sans précédent, constatée à travers les différentes communes de Annaba ces dernières semaines. “Des jeunes sont aiguillonnés pour créer cette situation qui va vers le pourrissement”, accuse le wali tout en mettant en garde contre ceux “qui agissent pour assouvir leurs ambitions personnelles au détriment de la chose publique”. Selon le premier responsable de la wilaya de Annaba, qui est à la traîne dans la réalisation de ses différents programmes, la circonscription a obtenu un budget global de pas moins de 18 000 milliards de dinars entre 1999 et 2009, ce qui représente le double de celui obtenu de 1962 à 1999. Un budget qui a été consommé à hauteur de 72 % seulement. Le directeur de la planification devait, en outre, ajouter que, dans cette dernière décennie, Annaba avait réalisé pas moins de 51 500 logements et créé 93 600 postes de travail entre permanents et vacataires. “L'Etat a donné pas moins de 854 milliards de dinars en 10 ans, censés améliorer la vie des citoyens”. Pour le citoyen, le résultat est toujours cette mal- vie, cette précarité, cette misère, et surtout ce sentiment de marginalisation qui persistent tel un destin. Les Annabis constatent, avec regret, que les portes de leurs élus sont fermées une fois les élections passées. “Ils changent même les numéros de leur portable”, devait s'écrier un père de famille. Tous les secteurs qui concernent le quotidien des citoyens sont touchés par cette démission des responsables, comme devaient le décrire, pendant plusieurs heures, les représentants de la société civile. “Nous voyons beaucoup plus souvent le wali dans nos quartiers que nos maires ou les élus. Nous ne les connaissons même pas”, ajoutent d'autres. Il en est de même pour les députés qui, mis à part un ou deux connus pour leur écoute des doléances des concitoyens, ils sont accusés de n'avoir plus rien fait pour ceux qui les ont porté aux arcanes du pouvoirs législatif. De son côté, le wali devait affirmer que la wilaya allait bénéficier d'un programme quinquennal très ambitieux. Selon lui, pour cela, il faut terminer, grâce à la mobilisation de tous les acteurs, les programmes à la traîne. “Nous allons proposer au ministère des Finances un budget de 24 000 milliards de dinars pour la prochaine décennie, nous ciblons la réalisation de 65 000 logements, l'attribution aux communes de 900 milliards en PCD et, partant, des milliers de postes d'emploi seront ainsi créés”, avance avec optimisme le wali. “Si, cette fois-ci, Annaba rate le coche, elle sera mise aux oubliettes pour longtemps”, avertit le premier responsable de la métropole.