Le problème crucial et persistant dont souffre la population de Hacine a trait à l'alimentation en eau potable. Chronologiquement, le village était alimenté en eau puisée directement de la rivière avec des rotations bimensuelles. En période hivernale, l'écart pouvait atteindre jusqu'à 25 jours. Pour parvenir aux robinets des ménages, le liquide était très peu ou pas du tout traité, ce qui le rendait impropre à la consommation. Au cours des années dites de sécheresse, l'eau devenait noirâtre et dégageait une odeur nauséabonde, conséquence des eaux usées des communes de Bouhanifia et El-Gueithna déversées dans la rivière, et, en l'absence des lâchers d'eau opérés à partir du barrage de la ville des Thermes, les résultats sont plus significatifs. En 1997, la commune avait bénéficié d'un premier projet qui consistait à alimenter la population à partir de Tizi sur un parcours de 18 km. Mais, cette opération a surtout profité aux résidents des douars Arouba, Ouled Bendaha et Mezaoura, situés le long du tracé retenu par les services techniques. En plus de bénéficier de l'eau potable, ces habitants procédaient en toute impunité à des piquages illicites pour irriguer leurs lopins de terre qu'ils cultivaient, réduisant ainsi à un strict minimum le volume des débits réservés à la population de Hacine qui se retrouvait pénalisée. Conscients de l'échec de cette opération, les services de l'hydraulique, en concertation avec les autorités wilayales, avaient préconisé un autre projet appelé le couloir Bouhanifia-Gueithna-Hacine avec pour objectif d'alimenter les populations de ces trois communes à partir du barrage de Bouhanifia. Si depuis sa mise en service, la situation s'est nettement améliorée, ce projet est loin de recueillir l'unanimité car l'eau qui est servie est jugée non potable et n'est distribuée qu'une fois par semaine à raison d'un heure seulement. À l'instar des autres localités de la région, Hacine n'a pas été épargnée par l'exode rural au cours de la décennie noire qui a eu pour effet de surpeupler la commune et de rendre plus compliqués les problèmes de tous genres. Source de la seule satisfaction, le secteur de l'enseignement est bien implanté avec des établissements des trois paliers, permettant ainsi aux élèves de poursuivre sur place leurs études jusqu'à l'obtention du baccalauréat, du moins pour les assidus. Parallèlement, le secteur de la santé active H24 avec le fonctionnement d'un point de garde, mais des réserves sont formulées quant à la qualité des prestations de services caractérisées par le manque de médicaments de base puisque pour une simple injection, le citoyen est obligé de se procurer la seringue et ce, même pour les cas graves qui se présentent de nuit. L'unique ambulance est utilisée beaucoup plus pour le transport du personnel médical et paramédical résidant à Mascara que pour l'acheminement des malades, faute de véhicule de service. En un laps de temps relativement court, les deux briqueteries, la semoulerie, l'entreprise communale, la Capcs, plusieurs autres petites entreprises, tous secteurs confondus, ont été dissous et les trois domaines autogérés démembrés, ce qui fait que des milliers d'ouvriers qui percevaient un salaire se sont retrouvés au chômage. À cette catégorie de malchanceux, viennent s'ajouter des milliers d'autres jeunes en âge de travailler mais qui ne trouvent pas d'emploi en l'absence de débouchés. Du coup, c'est la situation sociale d'une grande partie de la population qui a enregistré une très nette dégradation. Au problème du chômage, est annexé celui du transport durement ressenti par les travailleurs en poste à Mascara qui prennent les chemins de l'aller et du retour en même temps. Les trois ou quatre véhicules, des J5, qui assurent la navette ne parviennent pas à assurer à tous une prise en charge effective avec pour conséquences, la colère, les bousculades et les disputes. Dans le même registre, des effets négatifs, il y a lieu de souligner les activités commerciales qui ont lourdement chuté depuis la mise en service de l'évitement, car les transitaires ne fréquentent plus le village. Le tableau est plus sombre avec l'évocation des sinistrés du seisme du 18 août 1994 et des victimes des inondations qui n'ont pas été indemnisés malgré leurs revendications. Si dans le cadre de l'amélioration des conditions de vie des citoyens, la wilaya de Mascara a concrétisé plusieurs projets relatifs au raccordement des localités au gaz de ville, la commune de Hacine, bien que disposant de facteurs significatifs, n'a pas encore bénéficié de cette faveur et ne figure même pas sur la nomenclature du programme 2004-2009. Pourtant, des études sérieuses en ce sens ont été effectuées en 1995, dans le cadre de la reconstruction de la zone sinistrée, mais qui n'ont pas été suivies d'effet. En attendant, les ménages continuent à faire usage de la bouteille de gaz butane, souvent introuvable dans l'unique station Naftal. Depuis le lancement des travaux du tronçon de l'autoroute Est-Ouest, situé sur le territoire des communes relevant de la wilaya, ce sont des centaines de camions de gros tonnage qui transitent de jour comme de nuit par la commune de Hacine pour se diriger vers les carrières d'agrégats et de sable afin d'alimenter les chantiers. Ces navettes ont provoqué la dégradation manifeste de la chaussée, la détérioration des canalisations et l'endommagement des bordures de trottoirs et des avaloirs tout au long de l'itinéraire emprunté. Et, sur leur passage, les camions soulèvent de la poussière absorbée par les citoyens et constituent un danger pour les enfants et les personnes du troisième âge. Inauguré le 2 novembre 1929 par le gouverneur général d'Algérie de l'époque, le pont du Dublineau, sous lequel coule l'eau de l'oued, a été réalisé manuellement avec pour particularité un système de ressort car quand un camion de gros tonnage le traverse, le passant ressent le mouvement des vibrations. Avant l'ouverture à la circulation de l'évitement, tous les véhicules empruntaient cet ouvrage d'art. Au fil du temps, des anomalies sont apparues et qui présentent un danger et pour les automobilistes et pour les passants, car les fissures ont pris des proportions alarmantes qui ont contraint les services de sécurité à interdire le passage des camions. Néanmoins, aucune initiative relative à cet état de fait n'a été prise, ce qui suscite des interrogations : doit-on attendre que le pire se produise pour réagir ? A. BENMECHTA