Invité par le Centre culturel français d'Alger pour un concert, Daby Touré a conquis, jeudi dernier, le public d'Ibn-Zeydoun par sa musique… thérapeutique. Bienvenue dans une autre dimension… voilà ce que semblait nous souffler une voix, en franchissant le seuil de la salle de spectacle, les senteurs de l'Orient africain harmonieusement accordées à celles de l'Occident européen, nous parvenaient. L'artiste polyglotte (puisqu'il chante en français, en anglais et en wolof), qui visite l'Algérie pour la première fois, a ouvert le bal par l'enivrante chanson Sidi, pour enchaîner ensuite avec d'autres titres épicés de son répertoire. En fait, pour un concert, le temps s'est suspendu et toutes les voix se sont tues, afin de n'entendre retentir et raisonner que celle de Daby Touré ainsi que le son de sa musique qui mêle généreusement et harmonieusement des sonorités d'Afrique et du monde. L'artiste accompli, qui compte deux albums à son actif (Diam en 2004 et Stereo Spirit en 2007), a interprété (au chant et à la guitare) en compagnie de ses deux musiciens : Jeremy Coke à la basse et Thierry Moutoulatchimy à la batterie, quelques-uns de ses titres phare qui allient plusieurs styles à la fois : cela va du rock à la pop, en passant par le reggae, le tout pimenté à une sauce africaine. Avec seulement trois musiciens, Daby Touré a réussi à brasser et à équilibrer deux cultures, deux imaginaires. A certains moments, des airs nous étaient familiers ; preuve que les traditions africaines ne sont pas si éloignées qu'on veut le prétendre ! La soirée de Daby Touré a été magique. L'artiste a proposé une musique festive, même trop festive parfois, et sur ses airs entraînants, le public de la salle Ibn-Zeydoun, toutes tranches d'âge confondues, a beaucoup transpiré. À un moment du spectacle, il a invité les spectateurs à se mettre debout et à l'accompagner sur une de ses chansons, dédiée aux enfants qui souffrent : une séquence émotion représentative de son engagement. Plus tard dans le spectacle, Daby impressionnera l'assistance en faisant une prestation exceptionnelle de percussion… avec sa guitare. Cette belle fusion, offerte à 200 DA par le CCF est le fruit des expériences de Daby Touré, acquises à la faveur de voyages et de rencontres. De sa Mauritanie natale où il vit le jour en 1971, aux années de l'errance en compagnie de son père musicien, notamment a Ziguinchor, Dakar, Nouakchott et le village de Djéol, jusqu'à son établissement à Paris, en France, où il se lance dans la musique après avoir plaqué ses études de commerce, Daby Touré, fils du musicien, Hamidou Touré qui ne voulait que son unique enfant se lance dans la musique, a réussi, grâce à son obstination et sa témérité, à fonder le groupe Touré Touré avec son cousin. Ils sortent un premier et seul album puis se séparent. Daby se lance alors dans une carrière solo et produit deux albums. Il sillonnera le monde, explorera ses contours et exploitera ses splendeurs (et même ses misères), offrant ainsi à son public, de plus en plus, nombreux, une création musicale purement universelle avec un côté thérapeutique puisque Daby avance crescendo : il commence doucement et termine en apothéose… en transe. Peut-être que sa virée en Algérie et… une muse algéroise lui insufflera un prochain tube. SARA KHARFI