“Au-dessous” de tout soupçon ! Inodore et incolore, elle évolue dans les sombres circuits des affaires, empruntant des voies impénétrables et des canalisations “liquides” où l'argent coule à flots, au gré des passations de marchés, de demandes de crédits, d'accès au foncier, etc. Il en est ainsi du phénomène de la corruption qui devient parfois une pleine et totale activité ayant arraché un statut réel dans certaines sphères où les études et contrats dans leur élaboration en ont fait un paramètre inéluctable avec lequel il est indispensable de compter. Indispensable mais pas légal. En Algérie, la corruption n'est plus à définir, elle se place en gisement né à la faveur de la complicité des lois qui en ont fait un segment économique informel, collant étroitement aux projets et autres contrats. Son étendue échappe également aux statistiques, mais son poids demeure proportionnel aux chiffres d'affaires des opérations sur lesquelles elle jette son dévolu pour en “extraire” des parts invisibles, alimentant des comptes spéciaux ou gagnant des poches anonymes, déroutant toute traçabilité. Le corrupteur tout comme le corrompu s'exprime par un langage “codé”, celui des signes et des chiffres qu'aucun document ne peut transcrire, précédant de loin les ouvertures de plis publiques, orientant d'avance les appels d'offres et concluant des transactions obscures à “l'intérieur” même des transactions officielles. Manœuvres fantomatiques qui, à partir de certaines hautes fonctions de l'Etat, se manifestent par la vente d'informations en or, offrant au corrompu la latitude de monnayer des services censés être publics et gratuits. Faut-il conclure qu'en Algérie la corruption a fini par être dans une certaine mesure tolérée, tout comme l'a été le marché informel, en raison de sa capacité à absorber une bonne partie de chômeurs ? Sauf que, dans le cas de la corruption, il s'agit d'absorption de fonds au détriment de l'efficacité économique et de l'intérêt public. Les signes ouvrant la voie aux soupçons existent, contrairement aux preuves qui, elles, restent difficiles à réunir. La lecture des résultats de certaines attributions de marchés publics renseigne sur le facteur déterminant qui préside le plus souvent au choix des bénéficiaires : le moins-disant dans une soumission n'est autre que… le plus offrant en “bakchich” ! Le reste, tout le reste, n'est qu'une affaire d'enveloppes et de plis réglementairement cachetés pour les besoins du scénario dont tiendra lieu l'appel d'offres ou le tableau comparatif des prix.