De la dernière réunion du FMI, il n'a été retenu en Algérie que l'intervention, du reste intéressante, de notre ministre des Finances sur les questions strictement internes. Ainsi, les clarifications qu'il a données sur la bonne tenue des fondamentaux — même si elles pèchent par un excès d'optimisme s'agissant de la balance commerciale et même du niveau du financement du prochain plan de relance — sont bien cadrées. Ce faisant, en confortant la sécurité juridique de notre cadre d'affaires, il va probablement contribuer à améliorer notre classement au Doing Business 2010 après le recul de 2009. Il a ainsi clairement indiqué que la circulaire Ouyahia sur les conditions d'importation en l'état exigées des opérateurs étrangers n'aura pas d'effet rétroactif. Mais il y a eu plus important dans cette réunion : les manœuvres monétaires qui se dessinent au sein du FMI et ailleurs. Il s'agit des avancées du Bric pour un nouvel ordre monétaire et financier et, de façon plus spécifique, des nouvelles stratégies de la Chine en la matière. Les deux auront forcément un impact sur la valeur de nos réserves de changes, joyaux de la République comme les a appelés Karim Djoudi. Cette cagnotte est plus que jamais exposée à une potentielle érosion monétaire qu'il conviendra de comprendre puis d'anticiper. Essayons d'y voir clair. Pour certains économistes, la crise actuelle est d'abord une “crise du régime monétaire international concurrentiel de l'ère post-Bretton Woods”. C'est donc des premières tentatives de mise en place d'un nouvel ordre monétaire mondial dont il s'agit. C'est dans ce contexte qu'il faut ainsi replacer l'offensive menée par les pays émergents du Bric sur un dossier qui n'avait pas été retenu lors du dernier G20 celui du statut du dollar comme monnaie de réserve. Ainsi la Chine, au risque de dévaloriser ses avoirs en bons du Trésor américain — et les nôtres au passage — s'est lancée dans un achat massif de quantités d'or. Plus encore, elle a arrêté en janvier et février 2009 ses achats de bons du Trésor américain. Pour y faire face, la Réserve fédérale s'est empressée de lancer dès le 19 mars 2009 un programme d'achats de 300 milliards de dollars de treasuries notes. Les pays du Bric quant à eux ont fait la pression pour que les DTS (droits de tirage spéciaux), sorte de devise composite émise par le FMI, puissent se substituer, comme l'or, au dollar dans les réserves des banques centrales. Au bout du compte, ils ont obtenu l'accord du FMI pour émettre des obligations libellées en DTS sans que les Etats-Unis ne s'y opposent. Il s'agit de la part de ces derniers d'une attitude nouvelle qui s'explique parce qu'ils ont comme stratégie l'augmentation des ressources du FMI afin qu'il traite les crises financières nationales notamment au Mexique et dans les pays de l'Est. Pour le moment, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, nous disent certains experts financiers à l'instar d'Antoine Brunet, économiste directeur d'AB marchés. Ainsi il considère dans le Figaro économie du 27 avril 2009 que cette “stratégie risque plus de faire baisser le dollar contre l'or, que le dollar contre l'euro, la livre ou le yen, car il n'y a pas d'appétit pour ces devises en ce moment”. Mais qu'en sera-t-il lorsque les Etats-Unis vont devoir placer sur les marchés financiers entre 1 700 et 1 900 milliards de bons du Trésor pour financer leur plan de relance et leur déficit budgétaire. C'est en vérité la peur d'une dépréciation accélérée du dollar qui est à l'origine de ces initiatives chinoises. Il faut rappeler à ce sujet les propos de Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque populaire de Chine indiquant que les DTS devraient remplacer le dollar en tant que monnaie de référence. Face à ces lignes monétaires qui bougent et face à une crise en U c'est-à-dire avec une durée de récession plus longue, la protection de nos réserves de changes du risque d'érosion revêt même un caractère de sécurité nationale. Comment sommes-nous positionnés dans l'expression de ce nouveau rapport de force monétaire international qui se déploie ? C'est une question que beaucoup d'observateurs algériens auraient aimé poser au ministre des Finances et au Gouverneur de la Banque d'Algérie à l'issue de leur réunion au FMI. Pour obtenir des réponses, une fois n'est pas coutume, à de sérieuses appréhensions internes. Mais l'occasion d'en reparler se présente déjà. Il s'agit de la préparation et des arbitrages sur le prochain plan qui sera financé en grande partie à partir de nos réserves de changes. M. M.