La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est inquiétée vendredi des succès diplomatiques engrangés par la Chine et l'Iran en Amérique latine, les qualifiant de "très inquiétants". Elle a donc estimé nécessaire d'améliorer les relations avec les adversaires des Etats-Unis sur le continent sud-américain, citant le Venezuela, le Nicaragua, l'Equateur, la Bolivie et Cuba. "Si l'on regarde les gains que l'Iran et la Chine sont en train de réaliser en Amérique latine, c'est très inquiétant", a déclaré la chef de la diplomatie américaine, au cours d'une rencontre publique avec des diplomates américains à la retraite. "Je ne pense pas que dans le monde d'aujourd'hui, qui est un monde multipolaire où nous sommes en concurrence avec les Russes, les Chinois, les Iraniens, il soit dans notre intérêt de tourner le dos à des pays de notre propre hémisphère", a-t-elle ajouté. Elle a rappelé que la Chine et l'Iran avaient noué ces dernières années des contacts étroits en Amérique latine, notamment autour d'achats de matières premières. "Ils sont en train de créer des relations économiques et politiques très fortes avec beaucoup de ces dirigeants", a-t-elle ajouté. "Je ne pense pas que ce soit dans notre intérêt." Mme Clinton était interrogée sur les récentes approches de la nouvelle administration américaine vers le président vénézuélien Hugo Chavez, l'une des bêtes noires de l'administration Bush. "Nous avons discuté avec Chavez de la possibilité d'échanger à nouveau des ambassadeurs, et je crois que nous allons le faire", a-t-elle indiqué. Elle a exprimé l'intention d'ouvrir également le dialogue avec d'autres dirigeants latino-américains dont les relations avec les Etats-Unis sont tendues, citant le président nicaraguayen Daniel Ortega. "L'Iran est en train de construire une énorme ambassade à Managua. On ne peut que deviner pourquoi", a-t-elle noté. Mme Clinton a aussi mentionné les présidents équatoriens Rafael Correa et bolivien Evo Morales, avec lesquels les relations se sont tendues ces derniers mois sur le délicat sujet de la lutte contre le trafic de drogue. Quito avait expulsé deux diplomates américains qui enquêtaient sur un trafic de drogue visant un ancien secrétaire ministériel, ce que le gouvernement équatorien avait qualifié d'ingérence dans ses affaires intérieures.