Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est entretenu, jeudi à Damas, avec son homologue syrien Bachar al-Assad. Le verbe haut comme à son habitude, il a déclaré, au cours d'une conférence de presse conjointe, que si “le régime sioniste veut réitérer ses erreurs, il signera sa mort et son anéantissement”. Ce disant, le président iranien fait-il allusion au bombardement par Israël, dans le passé, d'installations nucléaires irakiennes et syriennes ? Il a ensuite ciblé les Etats-Unis qu'il a accusés de vouloir “dominer la région”, mais qui “voient que l'Iran et la Syrie les en ont empêchés”. “Nous leur disons de prendre leurs affaires et s'en aller, plutôt que d'interférer dans les affaires de la région”, a-t-il conclu en parlant des Américains. Il a trouvé une oreille attentive chez son hôte syrien, qui a abondé dans son sens en estimant que l'attitude de Washington envers l'Iran est “une nouvelle forme de colonialisme dans la région”. Cela signifie au moins que la réouverture ces derniers jours de la représentation diplomatique américaine à Damas et la nomination d'un ambassadeur n'ont pas contribué à changer les dispositions amicales de la Syrie à l'égard de l'Iran voisin. Cela signifie aussi que l'Iran n'entend pas plier devant les pressions occidentales en renonçant à ses ambitions nucléaires. Le message adressé aux Etats-Unis est clair et, le même jour, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a répondu de la manière la plus menaçante qui soit. Elle a comparé la tension sur le nucléaire iranien à la crise des fusées en 1962 avec l'ex-URSS. À l'époque, l'Union soviétique s'apprêtait à déployer des missiles nucléaires à Cuba, aux portes des côtes de Floride. La Maison-Blanche, sous la présidence de Kennedy, a réagi si fermement que Moscou a fait marche arrière, évitant de justesse un cataclysme nucléaire. “C'était une diplomatie à haute tension”, a rappelé Hillary Clinton et “c'est le genre de diplomatie dans laquelle je suis engagée avec d'autres membres de l'Administration, parce que nous prenons très au sérieux la menace potentielle de l'Iran”. Le groupe des six, composé des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne, de la Chine et de la Russie, soupçonne l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civile. Les soupçons ont été confortés par le dernier rapport de l'AIEA qui accusait, pour la première fois, l'Iran de velléités nucléaires militaires. Les négociations ardues menées le long de l'année 2009 pour amener l'Iran à coopérer avec la communauté internationale n'ont pas abouti. Aussi, les Etats-Unis œuvrent à faire adopter par l'ONU une nouvelle batterie de mesures et de sanctions. À l'exception de la Chine qui semble vouloir faire payer à Washington la dernière crise diplomatique consécutive à un contrat de vente d'armes à Taiwan et à l'accueil réservé au dalaï-lama à la Maison-Blanche, les autres partenaires sont solidaires des Etats-Unis. En plus de la Chine, seul le Brésil semble hésitant parmi les membres du Conseil de sécurité. Aussi, madame Clinton a-t-elle programmé de se rendre à Brasilia pour tenter de gagner à sa cause les autorités brésiliennes en les convaincant de la nécessité de durcir les sanctions contre l'Iran. Les Etats-Unis espèrent une résolution des Nations unies d'ici un mois ou deux et envisagent même des sanctions hors ONU en collaboration avec ses partenaires occidentaux. La récente visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Washington est perçue comme une possible réhabilitation de l'option militaire chère à George W Bush et à l'Etat hébreu. La lecture est tout à fait plausible si l'on se réfère à la dernière déclaration de la secrétaire d'Etat devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, dans laquelle elle affirmait que les Etats-Unis avaient “manifesté la patience stratégique nécessaire consistant à épuiser la voie des efforts internationaux pour convaincre l'Iran de faire ce qu'il fallait”.