La 7e édition du colloque international sur les massacres du 8 Mai 1945 s'est ouverte hier à l'université de Guelma. Plusieurs conférences liées au thème de cette édition “Les massacres du 8 Mai 1945, les lois et chartes internationales” ont été présentées par un nombre de juristes, chercheurs, politiques et universitaires. Ces derniers se sont succédé à la tribune de la salle de conférences de l'université pour décortiquer le point de vue du droit international sur ces massacres perpétrés au lendemain de la victoire des Alliés en 1945 et qui ont fait 45 000 morts, notamment à Sétif, Guelma et Kherrata. Situant les massacres sur le plan juridique et la position de la justice française, M. Hichem Bouhouche, spécialiste en droit international pénal (université de Constantine) a affirmé sans détour que “la justice est complice, puisqu'il s'agit bien d'un génocide. Aucune enquête n'a été ouverte sur les assassinats et la torture”. Et d'ajouter : “Après les massacres, des arrestations ont été opérées parmi la population et ont touché entre 5 000 et 10 000 avec plus de 90 condamnations à mort.” Continuant sur sa lancée, le conférencier précisera également que la France a commis une grosse erreur en regroupant les prisonniers de droit commun et les prisonniers politiques, et que c'est à partir du 2 février 1960 que la position de la justice française a commencé à changer. Pour étayer ses dires, il citera l'affaire Berraïs Abdellah, l'avocat de ce dernier avait plaidé l'idée d'un prisonnier de guerre selon la 3e convention de Genève (1949) ratifiée par la France la même année. De son côté, le docteur Olivier Lecour Grand Maison (France) abordera dans son intervention la situation de la France vis-à-vis des massacres de 8 Mai 1945. Il dira alors : “Nous nous trouvons aujourd'hui en France dans une situation qui est sans précédent depuis la guerre d'Algérie. On est également aujourd'hui dans l'ère de la réhabilitation d'un discours impérial républicain assumé par le chef de l'Etat français et par un certain nombre de dirigeants de la majorité du président.” À propos de la reconnaissance des crimes coloniaux et des massacres du 8 Mai 1945, l'intervenant était on ne peut plus expressif : “J'espère qu'il y aura effectivement, un jour, une reconnaissance par les plus hautes autorités de l'Etat français des crimes commis, notamment à Sétif et Guelma. Dans le contexte actuel, il est question d'un combat pour la reconnaissance qui va prendre beaucoup de temps. Mais il faut être conscient que nous sommes aujourd'hui dans une conjoncture politique qui est très mauvaise.” M. Olivier Lecour Grand Maison a rappelé, avant de clore son exposé, qu'il a participé à un colloque organisé dernièrement à la mairie de Paris consacré aux massacres du 8 Mai 1945. Et il a demandé, dit-il, à ce que le maire de Paris érige une plaque commémorative à la mémoire des victimes du 8 Mai 1945, comme cela a été fait pour la mémoire de Maurice Audin et les victimes des massacres du 17 Octobre 1961.