Jacob Zuma a prêté serment hier à Pretoria comme quatrième chef d'Etat de l'Afrique du Sud démocratique lors d'une cérémonie où il s'est engagé à respecter l'esprit de "réconciliation" du premier président noir du pays, Nelson Mandela, présent aux festivités. M. Zuma, qui a été élu président mercredi par le Parlement issu des élections générales du 22 avril, a juré de "protéger tous les Sud-Africains et d'encourager le respect de leurs droits", lors de sa prestation de serment. Dans la foulée de son investiture, il a promis de suivre l'héritage du prix Nobel de la paix, M. Mandela, qui, à 90 ans et malgré sa santé chancelante, avait fait le déplacement. M. Mandela "a fait de la réconciliation le thème central de son mandat (1994-1999). Nous ne dévierons pas de cette tâche de construction de la nation" arc-en-ciel, a assuré M. Zuma dans un discours. "Merci Madiba de nous avoir montré la voie", a-t-il lancé, en reprenant le nom de clan de M. Mandela. Le nouveau président, âgé de 67 ans, a aussi promis un "partenariat pour la reconstruction, le développement et le progrès" qui inclue "tous les Sud-Africains, noirs et blancs". Vingt-et-un coups de canon ont retenti immédiatement après l'investiture de M. Zuma, devant les bâtiments de l'Union qui abritent le siège du gouvernement. L'aviation sud-africaine a ensuite fait une démonstration au-dessus des 5 000 invités. Parmi eux figuraient une trentaine de dirigeants, essentiellement africains, dont plusieurs personnalités controversées, comme le président zimbabwéen Robert Mugabe et le roi du Swaziland Mswati III, dernier monarque absolu d'Afrique. Des milliers de curieux avaient bravé la pluie dans la matinée pour assister à la scène depuis les pelouses qui font face aux majestueux bâtiments de l'Union. M. Zuma doit révéler aujourd'hui la composition de son gouvernement, qui devra répondre à deux priorités : la lutte contre la pauvreté — 43% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour — et l'amélioration des services publics pointés du doigt pour leur manque cruel d'efficacité. Il va devoir répondre aux attentes de millions d'électeurs dans un contexte difficile, puisque la première puissance économique d'Afrique s'apprête à entrer en récession. Les spéculations vont bon train sur le nom des ministres dont il va s'entourer. Pendant la campagne, il a bénéficié d'un fort appui des syndicats et du Parti communiste, mais il a assuré que les portefeuilles ne seraient pas réservés à ses amis. Les postes clés seront les Finances, où Trevor Manuel, apprécié des marchés, ne devrait pas être reconduit, l'Education et la Santé, un ministère qui pendant des années a été réticent à distribuer des antirétroviraux. M. Zuma a fait samedi un retour triomphant après avoir été donné mort politiquement : il avait été limogé de son poste de vice-président en 2005, il a été acquitté pour viol en 2006 et des accusations de corruption contre lui ont été abandonnées début avril. "Nous avons soutenu Zuma pendant ses batailles judiciaires injustifiées. Il est maintenant ici pour diriger le pays", s'est réjoui un de ses partisans, Emmanuel Sikosana, venu assister à la prestation de serment.