La polémique entre Louisa Hanoune et Abdelaziz Ziari sur la question de la dissolution du Parlement enfle. Les dernières déclarations de l'actuel président de l'APN sur les ondes de la Chaîne III, où il a assuré que la dissolution du Parlement n'est pas à l'ordre du jour et que le député n'est pas prisonnier de son parti, ont piqué au vif la pasionaria du PT. “Ziari a dépassé les limites et toutes les lignes rouges”, fulmine-t-elle lors d'une conférence de presse animée hier au Centre international de presse (CIP) de Kouba. “En sa qualité de président de l'APN, il a l'obligation de réserve et il est tenu de se comporter en homme d'Etat”, rappelle-t-elle. Tout en lui déniant le droit de parler au nom de l'institution parlementaire, Mme Hanoune accuse le troisième personnage de l'Etat de s'accrocher à son poste et de ne se soucier que de son intérêt personnel. Et de rappeler que la dissolution de l'Assemblée nationale est une prérogative exclusive du président de la République. “Ziari n'est pas le porte-parole de la présidence. Et je sais qu'il n'est mandaté par personne pour parler sur cette question”, assure-t-elle avant d'enfoncer le clou : “il est le dernier à apprendre les décisions prises en haut lieu. Le PT n'est pour rien si on ne l'associe jamais.” Les griefs de Mme Hanoune contre Ziari ne s'arrêtent pas là. Elle lui fait le reproche d'encourager le nomadisme politique et de porter atteinte au multipartisme. Mais sa présente passe d'arme avec le troisième personnage de l'Etat, Mme Hanoune l'inscrit sur le seul registre politique. Elle se défend d'avoir un quelconque différend personnel avec son adversaire du jour. La preuve ? Le vote de son parti pour… Ziari le jour des élections pour la présidence de l'APN. Mais sur cette question de la dissolution du Parlement, la porte-parole du PT semble être très sûre de son fait. À l'entendre parler, c'est presque une chose acquise. “La question de la dissolution est dans l'agenda. La discussion est sérieusement ouverte sur la question. Zerhouni a été, d'ailleurs, très précis”, assure-t-elle. À ses yeux, l'Etat n'a aucune raison de maintenir la présente Assemblée. “C'est l'Assemblée la moins bien élue depuis l'Indépendance du pays. Il n'y a aucune différence entre elle et un CNT désigné. Elle ne prend aucune initiative, et aucun débat sur une question quelconque n'y est ouvert. Coupée du peuple, elle ne joue aucun rôle”, assène-t-elle. Pis, elle est allée jusqu'à crier à la “mafiotisation de la politique” en désignant du doigt les lobbies financiers qui ont investi aussi bien l'Assemblée nationale que les instances locales. Simple question : pourquoi alors le PT ne décide-t-il pas d'y retirer ses députés ? Réponse de Louisa Hanoune : “Le retrait ne résoudra pas le problème. Nous nous battons pour la dissolution de l'Assemblée.” Louisa Hanoune estime que le Président doit prononcer la dissolution de l'APN. Mais avant d'aller à des élections législatives anticipées, il y a lieu de réviser d'abord la loi électorale. D'ailleurs, Mme Hanoune a révélé avoir envoyé une lettre au président de la République lui demandant d'assainir la situation politique et économique du pays pour réhabiliter l'Etat. Une réhabilitation qui passe aussi par sa démarcation de la dérive du 9 avril et la dissolution de l'APN. “L'Algérie a besoin d'un nouveau Parlement qui servira de pilier pour le président de la République pour qu'il puisse se libérer des entraves et des pressions des différentes clientèles”, explique-t-elle. D'autre part, Mme Hanoune estime qu'une situation “des plus étranges” prévaut dans le pays. Aussi elle appelle le président de la République à corriger le tir en matière d'orientation économique. Sur ses entrefaites, Mme Hanoune ne semble pas apprécier l'achat par le patron de Cevital, Issad Rebrab, d'un terrain à Bouira pour implanter un projet agroalimentaire. “M. Rebrab n'a pas le droit de prendre possession de terres agricoles à Bouira pour y implanter un supermarché même s'il a fait la promesse de créer plus de 2 000 emplois. Ces terres doivent rester entre les mains des agriculteurs. À la suite du président de la République, le ministre de l'Agriculture a juré qu'aucune terre agricole ne se verra détournée de sa vocation”, a-t-elle soutenu avant de se reprendre : “C'est vrai qu'il n'y a pas que Rebrab. Un homme d'affaires s'est vu offrir toutes les Epic de la capitale en récompense à son soutien financier au candidat Bouteflika.” Mais, curieusement, hormis celui de Issad Rebrab, pas un seul nom n'a été cité par la porte-parole du PT.