"La dissolution n'a pas de raison d'être; que représente une voix sur les 35 million d'Algériens, ou 13 députés sur 388. Ce problème n'a jamais été à l'ordre du jour, et il n'a jamais été envisagé un seul instant". C'est avec ces propos que le président de l'Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari, a rétorqué aux détracteurs de son institution. Intervenant, hier, sur les ondes de Chaîne III de la Radio nationale, le premier responsable de l'APN a déclaré que la dissolution de l'APN est du ressort du président de la République et n'interviendra que dans des conjonctures particulières ou d'instabilité politique du pays, "la Constitution est claire sur ce point", a expliqué M. Ziari, "la seule personne habilitée à la dissoudre est le Président ; le seul qui a droit à la parole dans ce domaine avec, d'ailleurs, la consultation du président de la chambre concernée" et d'ajouter que "la dissolution d'une Assemblée répond à des nécessités particulières et répond à des périodes graves, si ça met, par exemple, la stabilité du pays en péril". Or, pour lui, il n'y a jamais eu autant "d'harmonie" entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Affirmant que tous les leaders politiques peuvent revendiquer tout ce qu'ils veulent, le président de l'APN n'a ménagé aucune critique pour riposter aux voix qui clament la dissolution de son institution. Des critiques adressées à la porte-parole du PT, qui est devenue aujourd'hui le porte drapeau de cette revendication. Louiza Hanoune l'a, en effet, demandé maintes fois avant et après la précédente campagne électorale. Elle a déjà qualifié cette assemblée de "cathédrale érigée dans le désert et qui n'a plus de raison d'exister". Mme Hanoune est monté au créneau à plusieurs reprises pour dénoncer les agissements des députés quant à la gestion des ressources nationales et lors du vote de l'augmentation de leur mensualité. De son avis, cette institution "non représentative" "constitue un danger sur la nation". Pour Ziari, le PT ne représente que 13 députés au niveau de l'APN, "cette responsable politique [Louiza Hanoune ndlr] peut le demander autant de fois qu'elle le veut, mais ça ne changera absolument rien sauf le jour où elle y sera majoritaire". Aux yeux du président de cette chambre, la seule motivation de cette demande se résume aux problèmes internes qu'a connu cette formation lors de la démission de ses députés "la responsable de ce parti a vu son groupe se dissoudre" et d'ironiser "si à chaque fois qu'un groupe parlementaire à un problème, il va appeler à la dissolution l'APN on risque de se retrouver avec une élection législative chaque année". "Le problème des transfuges ou le nomadisme politique" Au cours de cette 6e législature de l'Assemblée populaire nationale, plusieurs formations, à l'instar du PT, du FNA et tout récemment du MSP, ont vécu au rythme des démissions de leurs députés. Des amendements ont été, d'ailleurs proposés dans ce sens, pour interdire "ce nomadisme politique" au sein des assemblées élues. A ce sujet, Abdelaziz Ziari a déclaré qu'il n'y aura pas de changement dans ce domaine "chacun a le droit de proposer des amendements et les députés décident d'eux même, mais ce que je sais, c'est qu'il n'y aura aucun amendement dans ce sens". M. Ziari a soutenu qu'un député élu par le peuple en suffrage universel à le droit de changer d'avis durant un mandat, car "il n'y a pas d'autorité au-delà de celle du peuple, les députés sont responsables devant lui". Quant à la responsabilité de l'élu devant son parti "c'est un problème interne de chaque formation". Elle incombe aux seuls partis qui choisissent librement leurs candidats. Affirmant que ce fait n'altère en rien le fonctionnement et l'équilibre au sein de l'APN, M. Ziari a soutenu qu'il n'est "pas question de faire du député, élu du peuple, un prisonnier de son parti". La généralisation de l'amnistie et la dépénalisation du délit de presse ont été les deux thèmes ayant animé l'actualité politique au cours de ces derniers jours. A propos de la presse et de la liberté d'expression, M. Ziari a déclaré qu'un un débat sera lancé sur la dépénalisation du délit de presse, tout en expliquant qu'"il n'existe pas de raison pour pénaliser un journaliste qui ramène une information vérifiée ; nous allons reprendre cette loi sur l'information et nous allons veiller à ce que le droit de l'information soit respecté et que ce droit ait des limites". Ziari est également revenu sur la question de l'amnistie nationale. Selon lui, cette étape est la "fin logique du processus de réconciliation". Seulement, pour quelle soit effective, les attentats terroristes doivent cesser et les terroristes doivent demander pardon. Au sujet du colonialisme, le haut responsable de l'Etat estime que c'est tout à l'honneur de la France de demander pardon et de faire acte de repentance pour ses crimes. Pour lui, la France finira un jour par demander pardon à l'Algérie. Mebarek B.