Louisa Hanoune persiste et signe. La dissolution de l'Assemblée populaire nationale est incontournable pour « réhabiliter l'Etat », a-t-elle affirmé hier lors d'une conférence de presse tenue au Centre international de presse de Kouba. La porte-parole du Parti des travailleurs n'est pas allée de main morte pour critiquer la dernière sortie du président de l'APN en défaveur de l'option de dissolution. « Le président de l'Assemblée a peur pour sa place. Par ses propos, il ne reflète ni la position de son parti et encore moins celle de l'Assemblée. Ziari n'a été mandaté par personne pour parler de la question de la dissolution, ni par le président de la République ni par les députés. Il s'est comporté comme le secrétaire d'une kasma des années 1970, ce qui dénote de la dégradation du niveau de cette dernière Assemblée qui est la pire depuis l'indépendance », indique Mme Hanoune en réponse aux déclarations de Abdelaziz Ziari dans une émission radiophonique. « Il a fait preuve d'hégémonisme. Jamais un président d'Assemblée depuis 1997 n'a osé se comporter de la sorte. Il a versé tant de haine sur le PT et d'invectives que nous y décelons l'expression de la pensée unique. De quel droit ose-t-il porter un jugement sur le fonctionnement des partis politiques. Je lui dirais que pour faire de la médecine, il faut pratiquer, mais pour faire de la politique, il faut aussi un don », souligne la porte-parole du PT en soulignant que la dissolution de l'APN est du seul ressort du président de la République. « Je pense que Ziari est le dernier à être consulté par le président », dit-elle avant d'enchaîner « quand il dit qu'il subit des pressions des députés, nous devons lui répondre que ni Saïdani, ni Karim Younès n'ont accepté de céder aux pressions. Je crois plutôt que la pression est dans sa tête ». Louisa Hanoune, toujours aussi remontée contre Ziari, lance au sujet du nomadisme politique que Ziari renvoie à la responsabilité des partis, que « c'est lui qui a encouragé le nomadisme politique, il s'est renforcé d'ailleurs en 2007 à Alger par des cadavres politiques ». Et d'ajouter « honte à lui, qu'il se calme. Cette Assemblée provoque le dégoût et on ne doit pas la garder pour sauver l'intérêt personnel de son président ». Le PT indigné Mme Hanoune affirme que son parti a demandé la révocabilité des députés qui ne respectent pas leur mandat auprès de leur parti, alors que Ziari, dit-elle, « est pour un mandat impératif, ce qui veut dire qu'il est contre le respect du mandat. Il a même osé me dire que si je continue à plaider pour la dissolution de l'Assemblée, je risque de me faire détester par les députés FLN. Or, beaucoup de députés de ce parti sont pour la dissolution pour barrer la route à ceux qui ont acheté la députation au prix fort ». Ceci et d'indiquer : « Comment peut-on soutenir le maintien d'une Assemblée qui a voté les lois les plus impopulaires notamment l'emprisonnement des harraga ? Une Assemblée qui adopte une loi sur les médicaments alors que le gouvernement avait pris une mesure en faveur de la production nationale », justifie la femme politique. Evoquant les salaires faramineux des parlementaires, la porte-parole du PT s'indigne d'un tel niveau d'indemnité qui, dit-elle, a aggravé davantage la crise de crédibilité dont souffre cette Assemblée, « il est inconcevable qu'un député qui n'a jamais travaillé dans sa vie, soit payé deux fois plus qu'un professeur en médecine, ou qu'un général major. De plus, pourquoi un député doit-il continuer, après la fin de son mandat, à recevoir une retraite. Ce n'est pas normal que quelqu'un qui n'a jamais travaillé, se retrouve un jour député pendant cinq ans, puis sort avec une retraite dorée », s'insurge la porte-parole avant de préciser qu'il faut chasser les milieux des affaires de l'Assemblée pour éviter la « maffiotisation » de la politique. « Il n'existe aucune raison justifiant du maintien de cette Assemblée au sujet de laquelle les députés de tous partis confondus reconnaissent l'inefficacité et qui est devenu un facteur d'instabilité », note la conférencière. Elle ne se prononce toutefois pas pour un retrait de l'APN, car dit-elle, « cela ne servira pas à régler la crise ». A noter que le Parti des travailleurs a adressé une lettre au président de la République où il demande entre autres propositions, la dissolution de l'Assemblée nationale. Dans cette lettre, Louisa Hanoune invite Bouteflika à « se démarquer des résultats des élections du 9 avril en mettant fin à la pratique de la fraude » et à organiser des élections législatives anticipées « pour débarrasser l'Etat, l'administration et l'économie nationale, des tentacules du clientélisme, et pour fermer la parenthèse de la tragédie nationale et réhabiliter l'Etat ». Louisa Hanoune demande en outre, le rapatriement des réserves de fonds se trouvant à l'étranger, le gel de l'accord d'association avec l'UE pour préserver la production nationale, la renationalisation des biens de l'Etat, et l'application d'un SMIG à 35 000 DA. Elle a par ailleurs demandé, lors de la conférence de presse, au ministre de l'Agriculture de sauver le terrain agricole que l'industriel Issad Rebrab promet de transformer en supermarché.